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"Nos parents, on leur cache des choses": les profs vont avoir le dernier mot sur le redoublement

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Gabriel Attal, le ministre de l’Education nationale, a présenté ce mardi ses mesures pour relever le niveau des élèves français. Parmi celles-ci, le pouvoir de décider des redoublements qui sera redonné aux enseignants.

Le retour de l'exigence à l'école. C’est ce qu’a promis Gabriel Attal, ce mardi. Le ministre de l'Education a dévoilé toute une série de mesures pour relever le niveau des élèves français, alors que le rapport Pisa a pointé une baisse "historique" en maths. Dès la rentrée prochaine, les élèves de 6e et de 5e seront répartis en trois groupes de niveau en mathématiques et en français, avec 15 élèves maximum dans le groupe des élèves les plus en difficulté. Gabriel Attal a aussi évoqué la possibilité d'aménager l'emploi du temps de ces élèves. Par exemple, un collégien pourrait troquer ses heures d'anglais contre davantage de mathématiques s'il en a le besoin.

Autre mesure, le redoublement, notamment dans les classes charnières (CP, 3e), va redevenir plus fréquent. Et ce sont les enseignants qui trancheront en dernier ressort. Jusqu'à présent, les parents avaient le droit de refuser un redoublement. Mais ce n'est pas aider un élève que de le laisser avancer sans valider les bases, explique le ministre. Il pourra aussi y avoir des passages au niveau supérieur conditionnés à des stages de réussite pendant les vacances, prescrits par les enseignants.

Les équipes pédagogiques auront donc désormais le dernier mot pour décider d'un redoublement. A la sortie des cours, l’idée divise. Parler de redoublement à Léane, une élève de seconde, c'est la garantie de la voir faire les gros yeux. Car ça l’inquiète de voir l'avis de ses professeurs primer sur celui de ses parents. "Les parents savent exactement ce qu’on vit, pas les professeurs", assure-t-elle. Yasmine, sa copine, n’est pas vraiment d'accord: "Nos parents peuvent souvent nous surestimer. Les professeurs nous ont suivis toute l’année, donc ils savent plus de quoi on est capables".

"J’ai eu un 0 en maths, mes parents ne le savent toujours pas"

Un avis partagé par beaucoup d'élèves de cet établissement. "Nos parents, on leur cache des choses. J’ai eu un 0 en maths, ils ne le savent toujours pas", glisse l’un d’eux. Avec le recul, Sibel aurait quant à elle aimé que ses parents écoutent ses enseignants et acceptent le redoublement il y a deux ans. "En seconde, j’ai un peu rien fait… Et ça m’handicape vers le choix d’études que je veux faire, donc ça aurait été une bonne initiative", souligne-t-elle.

Mieux écouter l'avis des profs, la fédération de parents d'élève FCPE applaudit. Mais sa porte-parole en Seine-Saint-Denis, Alixe Rivière, craint que ça ne permette pas de vraiment faire baisser le nombre d'élèves en difficulté. "On est un peu sur une annonce clientéliste, estime-t-elle. Il faut réellement s’occuper des gamins. C’est comme à un goûter d’anniversaire: si vous avez trois adultes pour 20 enfants, c’est mieux qu’un pour 20." Or, elle ne croit pas une seule seconde à la promesse de Gabriel Attal de créer des milliers de postes d'ici la fin du quinquennat.

LP avec Mahauld Granier et Martin Bourdin