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Éducation

On peut tout à fait supporter l’OM sans pour autant faire pipi sur le portail d’une école

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A Marseille, l’association de parents d’élèves MPE 13 dénonce les conditions d’accueil des enfants dans les écoles de la ville. Parmi les cas concrets, celui de l’école Azoulay, dans le 8e arrondissement, dont les grilles sont régulièrement souillées par l’urine des supporteurs de l’OM avant et après chaque match au Vélodrome.

Pedro, membre du MPE 13, est parent d'une élève scolarisée dans l'école Azoulay de Marseille. Il témoigne pour RMC.fr.

"Les soirs de match, les supporteurs de l’OM se rassemblent en grand nombre et se garent dans toutes les rues adjacentes autour de l’école. Certains consomment une quantité non-négligeable de boissons alcoolisées. Ce qui entraîne une forte volonté de s’épancher. Et comme la ville de Marseille ne prévoit pas de sanisettes pour permettre aux supporteurs de se soulager, et bien ils le font contre les murs, contre les voitures, sur les trottoirs. Et y compris contre le portail et la clôture de l’école, qui est située juste en face du stade.

"On arrive avec les enfants devant l’école dans des odeurs d’urine insupportables"

Les lendemains de match, on arrive avec les enfants devant l’école dans des odeurs d’urine insupportables. Ce n’est pas acceptable pour un pays et une ville développés. A l’intérieur de l’enceinte du stade, il y a tout ce qu’il faut. Mais pour les heures qui précèdent le match, et les heures qui le suivent, il y a une attitude vraiment peu citoyenne qui consiste à uriner dans la rue, et y compris sur l’école.

Les matchs de l’OM sont des événements sportifs qui génèrent beaucoup d’argent. On n’est pas à quelques euros près pour l’installation provisoire de dizaines de sanisettes. On peut tout à fait supporter l’OM - et d’ailleurs parmi nous il y a des supporteurs de l’OM - sans pour autant pour autant faire pipi sur le portail d’une école. C’est tout simple.

"On est vraiment sur une question de citoyenneté"

C’est un problème récurrent. Mais à un moment donné, quand on a l’impression de faire les choses diplomatiquement, en en référant à la mairie de secteur, en soulevant le problème en conseil d’école, et qu’on ne voit pas de grand changement, on se dit qu’on va faire quelque chose d’un peu plus impactant. C’est ce qu’on fait ce vendredi. Concernant la propreté, on a élus de secteur qui prennent le problème en compte, mais ils ne peuvent pas tout faire non plus. On est aussi sur une question de citoyenneté. On est sur le bien être d’autrui et en particulier sur celui des enfants.

Mais ça ne se limite pas à l’urine. Sur le chemin de l'école, il y a par exemple un angle où les riverains, entre autres, se débarrassent de leurs vieux meubles et autres encombrants, ce qui génère vite une décharge sauvage. Avec les accumulations de poubelles, cela entraîne l’arrivée de rats. Il arrive qu’on fasse le chemin vers l’école entre des poubelles et des rats crevés. Avec des canettes de bières qui traînent encore quelques jours après les matchs. Cela crée un contexte qui est peu propice au bien-être.

Et dans l'école, la liste est longue des travaux non réalisés, alors qu'ils sont demandés depuis de nombreux conseils d'écoles : fenêtres pas étanches qui laissent passer l'eau quand il pleut, porte-manteaux manquants, rideaux déchirés... C'est une accumulation de choses qui crée une situation inacceptable. Quand une intervention arrive, ce n'est que sur un point, et pas le reste.

Au-delà du cas spécifique de l’école Azoulay, dans toutes les écoles de Marseille, il manque un plan d’ensemble. Avec cette journée d’action du 24 mars, on veut que les gens fassent entendre leur voix dans chaque école concernée. Pour dire à la mairie et à l’académie qu’il y a des situations qui ne sont plus acceptables: des locaux trop vétustes, des écoles surchargées d’élèves à cause de l’augmentation démographique, des cantines où les enfants mangent parfois en un quart d’heure… C’est un florilège de problèmes.

Il ne faudrait pas que ça devienne apocalyptique pour que cela entraîne une réponse des autorités. On est passé d’une situation ubuesque il y a deux ans, où la municipalité niait les problèmes, à une situation où le constat est reconnu. Néanmoins, il ne faudrait pas qu’on croit que maintenant tout ça c’est du passé, et qu’on est dans une période dorée. Il y a des travaux qui se font, on le reconnaît. Mais on veut faire une piqûre de rappel: il y a encore énormément d’endroits où il y a des dysfonctionnements".

Propos recueillis par Antoine Maes