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Proviseur menacé après une altercation sur le voile: "Les violences sont en hausse" alerte une syndicaliste

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Une enquête a été ouverte après des menaces de mort contre le proviseur d'un lycée parisien. Il aurait eu une altercation avec une élève de BTS à laquelle il demandait de retirer son voile dans l'enceinte de l'établissement.

Des menaces de mort après une altercation avec une élève sur fond de port du voile islamique dans un établissement scolaire. Le proviseur du lycée Maurice-Ravel, dans le 20e arrondissement de Paris, est la cible de menaces de mort sur internet après une altercation dans les couloirs de l’établissement avec une élève de BTS à laquelle il aurait demandé d’enlever son voile.

De son côté, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête pour cyberharcèlement et menaces de mort. Et deux plaintes ont été déposées, l’une par le proviseur, l’autre par l’élève qui assure avoir dû "résister et avoir été poussée et tapée violemment au bras".

Provocation?

"Dans cette situation, il y a une infraction à la loi avec des élèves qui rentrent dans des établissements scolaires voilées alors que c’est interdit depuis 2004", rappelle ce mardi sur RMC et BFMTV, Carole Zerbib, proviseure adjointe au lycée Voltaire à Paris, membre du syndicat SNPDEN-UNSA.

"Cela peut arriver en début d’année avec des élèves qui ne connaissent pas les règles mais en février, c’est un peu étonnant", explique-t-elle, n’excluant pas une provocation de la part de l’élève du lycée Maurice-Ravel: "On peut se poser la question".

Face à Face : Carole Zerbib - 05/03
Face à Face : Carole Zerbib - 05/03
20:45

"Il y a des rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux"

Si l’enquête doit préciser les circonstances de l’altercation, Carole Zerbib rappelle que l’élève incriminée est majeure et élève de BTS et non lycéenne. Ce qui aurait pu entretenir la confusion, alors que le voile est autorisé à l’université.

Pour la syndicaliste, rattraper une élève par le bras n’est pas de la violence. "Une élève qui n’écoute pas, on essaie de la rattraper par le bras pour lui dire qu’on est là, ça peut m’arriver mais ce n’est pas un geste de violence", martèle-t-elle.

"On sait bien que le proviseur n'a pas frappé l'élève. Il y a des rumeurs véhiculées sur les réseaux sociaux comme ça arrive très vite après ce genre d’incident", poursuit Carole Zerbib, qui rappelle que l’assassinat de Samuel Paty a eu lieu dans des circonstances similaires. "Il n'est pas admissible que dans l'exercice de nos fonctions, nous soyons menacés de mort", ajoute-t-elle.

Quand certains profs s'autocensurent

Le nombre de violences physiques et verbales et de tensions augmente, assure la syndicaliste: "Les actes de violences physiques et verbales sont en hausse. Il y a eu un basculement depuis quelques années. Certains parents d'élèves s'autorisent à menacer les membres de l'Education nationale. Une sanction pas comprise peut donner lieu à ces violences mais il faut continuer de dialoguer".

"L'école n'est qu'un miroir de ce qu'il se passe dans la société et c'est collectivement que nous devons réfléchir pour que l'école reste un sanctuaire", martèle Carole Zerbib, assurant avoir toujours été entendue par la justice lorsqu'elle a dû déposer plainte. Selon le baromètre scolaire de 2022, pourtant, sur les 400 plaintes de personnel enseignant déposées, seules 31 ont été traitées par la justice.

Pour éviter les conflits, certains professeurs pratiquent l'autocensure. "Il y en a qui se sentent moins solides, n'abordent plus certains sujets, c'est inadmissible que l'école de la République ne puisse plus traiter les programmes de la République", conclut Carole Zerbib.

Après l'altercation au lycée Maurice-Ravel, l'établissement a été bloqué par des jeunes en soutien à l'élève, et les cours ont été suspendus pendant cette journée. Ce lundi, ce sont 150 chefs d'établissements qui se sont rassemblés devant la Sorbonne pour soutenir leur collègue et dénoncer "les menaces et les violences dont ils sont victimes dans le cadre de leurs fonctions".

G.D.