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Quand on vient lire en classe, les enfants ont les yeux écarquillés et sont suspendus à nos lèvres

Une lectrice bénévole au  sein d'une école.

Une lectrice bénévole au sein d'une école. - Association Lire et faire lire.

Un appel aux bonnes volontés pour donner le goût de la lecture aux enfants. Le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer lance ce jeudi la campagne nationale "Ensemble pour un pays de lecteurs". 18.000 personnes viennent aujourd'hui lire contes, poésies ou histoires auprès de 650.000 enfants de primaire et de maternelle. Parmi eux, Jocelyne, retraitée de Saône-et-Loire jointe par RMC.

Jocelyne Geais, bénévole à l'association "Lire et faire lire". Elle était enseignante en primaire et maternelle. Une fois par semaine, elle va lire à des enfants de maternelle ou de primaire, en Saône-et-Loire, près du Creusot.

"Pour moi, cet appel du ministre de l'Education et cette campagne pour attirer des lecteurs bénévoles comme moi, c'est exceptionnel. Car transmettre la lecture est essentiel: c'est transmettre toute une culture, tout un passé, mais aussi la beauté de la langue aux enfants. On va lire des textes totalement différents, des contes, des poésies et les enfants nous écoutent. Comme nous sommes en petit groupes de six, les enfants sont très attentifs à ce qu'on va lire. On les voit écarquiller les yeux et ils sont suspendus à nos lèvres.

Nous sommes plusieurs intervenants dans l'école où je lis. Les enfants sont heureux de nous accueillir. Les tout-petits sautent carrément de joie quand on arrive. Ils sont heureux parce qu'ils savent qu'on est là pour eux, et qu'on ne va rien leur demander en échange. Le lire et faire lire, c'est un échange gratuit avec les enfants. Ils ne viennent pas pour une note, ils sont là pour le plaisir d'entendre.

"Transmettre le goût de la lecture aux enfants, c'est exceptionnel"

Les premières années, j'allais en ZEP et aujourd'hui je suis en milieu rural. Et j'ai toujours été accueillie à bras ouvert par les élèves et les enseignants. Dans le milieu rural, il faut savoir que les enfants n'ont pas forcément plus accès à la lecture qu'en REP, parce qu'en REP les aides à la lecture sont importantes. Alors que dans le milieu rural, il manque de bibliothèques ou de médiathèques.

J'avais longtemps travailler en CP sur l'apprentissage de la lecture. Les enfants sont heureux d'apprendre parce qu'ils rentrent dans le monde des adultes, dans un monde actif avec la lecture. Mais c'est difficile de conjuguer ça avec le plaisir de lire. Comme je lis beaucoup, je voulais transmettre ce plaisir aux enfants une fois à la retraite.

"On n'empiète pas sur le travail des instituteurs"

En ce moment je vais en maternelle. Les enfants sortent de la classe pour écouter la lecture, en deux groupes. Et quand les enfants retournent en classe, l'enseignante fait restituer l'histoire à l'ensemble de la classe. Les enfants racontent ce qu'ils ont entendu. C'est une des manières de faire. Ce qui est important c'est que ce soit régulier car les enfants savent à quel moment on va venir, et ils attendent ce moment-là.

On n'empiète pas sur le travail des instituteurs ou institutrices, on a une approche différente. Notre action n'est pas la même que celle du maitre de classe qui s'est fixé des objectifs spécifiques par rapport à l'apprentissage de lecture. Nous, nous n'allons présenter que les livres qui nous plaisent. Notre action est aussi complémentaire de celles des bibliothécaires, qui s'ouvrent autrement aux parents et aux enfants."

Propos recueillis par Philippe Gril