Faute de personnel, un restaurateur se procure un robot pour servir les clients

Les robots remplaceront-ils bientôt les serveurs dans les restaurants ? Dans le Lot, un restaurateur a décidé de s'en procurer un, mais pas pour des raisons propres au développement de l'intelligence artificielle (IA) dans son établissement.
Geoffrey Ruamps, patron du restaurant Le Cap 180 à Cieurac, explique en effet que cette décision a été prise "sans gaieté de coeur".
"On a pris un robot, car on a eu cette problématique de recruter du personnel. On est pas du tout dans l'optique de partir sur de l'IA ou autre. Nous, il faut qu'on continue à travailler tous les midis", indique-t-il dans l'émission Estelle Midi, le 21 mai.
Alors qu'il propose un poste confortable, à un salaire de 1200 euros net pour 25h de travail hebdomadaire, le restaurateur confie n'avoir reçu que deux candidatures en huit mois.
En attendant, il gère les lieux avec deux autres personnes. "On est un petit restaurant de village. On fait en moyenne 60-70 couverts. On est trois personnes et je suis seul en salle. On a essentiellement des chefs d'entreprise, ils ont donc 30 minutes pour manger, le rythme est assez lourd", détaille Goeffrey Ruamps.
Soucieux de garder l'aspect humain de son travail, en aidant par exemple les clients à enlever les assiettes du robot, cette démarche divise. Quelques clients sont réfractaires, certains comprennent, tandis que des inconnus se déchainent, notamment sur les réseaux sociaux, où les insultes fusent.
"Pour certaines personnes, c'est moi qui a créé le chômage en France, alors que nous on le subit", dénonce-t-il.
200.000 saisonniers manquants pour l'été
Les difficultés de recrutement sont une réalité déjà bien observée en France. On estime qu'il pourrait manquer jusqu'à 200.000 personnels dans les restaurants cet été, sans compter les saisonniers, qui représentent eux aussi un manque d'environ 200.000 personnes.
Le salaire n'est pas toujours la cause principale et certaines zones géographiques peinent plus que d'autres à renouveler leurs équipes. Ainsi, cette pénurie de personnel en hôtellerie pourrait en pousser certains à sauter le pas et à se procurer des robots.
Un autre restaurateur, Thomas, comprend la difficulté de Geoffrey et la volonté d'avoir recours à des serveurs robotisés. Toutefois, il reste opposé à cette idée.
"Il faut faire attention, car des restaurateurs comme lui ont ce problème, mais d'autres non. Je pense à de grosses chaînes de restauration rapide qui peuvent s'en servir pour ne pas avoir de personnel", prend-t-il en exemple.
En parallèle, certains peinent à trouver du travail dans ce secteur, considéré comme très recruteur. "Je vois que tout le monde cherche du coté d"Avignon", explique Lucie, un agent d'accueil.
Tandis que Guillaume, chef de cuisine, cherche sans relâche un emploi depuis un an. "Je ne l'explique pas. On nous dit qu'il y a du travail partout dans la restauration, mais il n'y a aucun retour des agences de recrutement et des restaurateurs", raconte-t-il. L'homme qui cumule 30 ans de métier dans ce secteur dresse un bilan destabilisant : "en six mois, je n'ai eu que deux entretiens".