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Gabriel Attal veut durcir l'accès aux prestations sociales: Attac dénonce "une chasse aux pauvres"

Le porte-parole du gouvernement veut renforcer les conditions d'accès aux prestations sociales en les soumettant à une période de résidence sur le territoire français allongée.

Le gouvernement veut lutter contre la fraude aux prestations sociales. Et en particulier contre la fraude des étrangers et des retraités. Mercredi sur RMC-BFMTV, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a fait part de son souhait de durcir les conditions de perception du minimum vieillesse et de certaines prestations sociales.

Il souhaite ainsi conditionner la perception du minimum vieillesse à une obligation de résidence sur le territoire national neuf mois par an contre six actuellement. Il souhaite aussi rallonger à neuf mois de résidence le délai pour percevoir l'ensemble des prestations sociales, aujourd'hui de huit mois pour les APL et six mois pour les allocations familiales.

"Politique dangereuse"

Une décision qui choque des responsables d’associations. "Il aurait pu faire une autre harmonisation et tout ramener à six mois, selon le principe de la résidence fiscale, mais là, il harmonise pour faire des économies et pour faire un accord politique avec LR", déplore dans "Charles Matin" ce jeudi sur RMC Vincent Drezet, fiscaliste et porte-parole d’Attac.

"C’est une politique dangereuse car cela laisse penser que la fraude est importante en France alors qu'elle est de 1 à 3 milliards maximum, contre environ 80 milliards d’euros par an pour la fraude fiscale. En 2022, les caisses d'allocations familiales ont recensé 351 millions de fraudes, les services fiscaux 14,5 milliards", ajoute-t-il.

"L'opposé de ce que prônait Emmanuel Macron"

Vincent Drezet déplore une offensive contre les plus précaires, à l’opposé des discours d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle de 2022. "Il y a une espèce de chasse aux pauvres, de chasse à la précarité: on durcit les conditions d’allocation chômage, on s’apprête à durcir les conditions de versement de prestations en pleine réforme des retraites. C’est à l’opposé de ce que prônait Emmanuel Macron qui disait vouloir faire la solidarité à la source, faire en sorte que ceux qui ont droit aux allocations en bénéficient", rappelle-t-il, alors qu’un tiers de résidents français éligibles aux allocations ne les perçoivent pas, soit 7 à 10 milliards d’euros d’économie pour le gouvernement.

"Les priorités du gouvernement sont tournées sur la fraude aux prestations sociales alors qu’il y a des besoins de moyens juridiques et humains dans l’administration fiscale. Si la priorité, c’est que les budgets publics soient mieux alimentés, que la concurrence ne soit pas faussée et un peu plus de consentement à l’impôt, il faut prioriser. Et la priorité, c’est la lutte contre la fraude fiscale", plaide Vincent Drezet, qui déplore un accord avec LR.

Selon les services de l'État, en 2021, les fraudes à aux prestations versées par la caisse d’allocations familiales s’élevaient à 2,8 milliards d'euros.

Guillaume Dussourt