Présidentielle: les comptes de campagne des 12 candidats approuvés, avec des réserves sur certains

Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors du débat de l'entre-deux-tours de la présidentielle, le 21 avril 2022. - AFP
Plus de 3.000 factures épluchées une par une. C'est le travail titanesque qui a été réalisé par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements publics (CNCCFP) cet été. Après vérifications, l'autorité indépendante en charge depuis 1990 du contrôle des dépenses et des recettes des candidats a publié ses conclusions ce vendredi. Pour les douze candidats, les comptes ont été approuvés, avec réserves, et publiés pour 11 comptes sur 12, dans l'attente de la décision du Conseil constitutionnel saisi par Marine Le Pen qui conteste l'invalidation de plus de 300.000 euros de ses frais de campagne.
Le candidat d'extrême droite Éric Zemmour a reçu la sanction la plus importante, 200.000 euros. La Commission a estimé que grâce à son émission "Face à l'info" sur CNews, il avait bénéficié, alors qu'il ne s'était pas encore officiellement déclaré, d'"une promotion de sa personnalité". Elle lui a aussi reproché de ne pas avoir versé des droits d'auteur, estimés à 16.000 euros, quand il avait utilisé, sans autorisation, des images dans sa vidéo de candidature.
Macron le plus dépensier
Emmanuel Macron, candidat le plus dépensier avec 16,69 millions d'euros déclarés, se voit amputer de 100.000 euros le remboursement de ses frais de campagne, au motif que la publication de sa candidature à la présidentielle a été faite sur les comptes officiels Twitter et Facebook de l'Élysée, ce qui est considéré par la CNCCFP comme un "avantage indirect" et "prohibé". Certaines prestations ont aussi été refacturées au candidat Macron, au titre que certains déplacements ou prises de paroles du porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, ou du haut-commissaire au plan, François Bayrou.
Pour les autres candidats, les sanctions n'ont pas dépassé les 15.000 euros, même si au cours de l'instruction, la Commission a exclu certaines dépenses des comptes. C'est le cas notamment pour Marine Le Pen: la CNCCFP a retoqué les dépenses de "flocage et déflocage" de douze cars loués dans le cadre de la campagne (environ 300.000 euros). La même dépense a été refusée à Jean Lassalle et Fabien Roussel. La candidate RN a déposé le 18 janvier, deux jours avant la date butoir, un recours sur cette question devant le Conseil constitutionnel.
5% : barre fatidique
La Commission a relevé la différence très importante de remboursement entre les candidats, particulièrement douloureuse pour ceux arrivés juste en dessous des 5%, comme Valérie Pécresse, qui a pourtant été la deuxième candidate la plus dépensière avec 14,32 millions d'euros. Ceux qui ont atteint le seuil des 5% peuvent en effet prétendre à un remboursement pouvant atteindre huit millions d'euros pour les éliminés du premier tour, jusqu'à 10,6 millions pour les candidats du second tour, contre dix fois moins (800.423 euros) pour ceux restés en dessous alors que seuls quatre candidats sur douze ont dépassé la barre des 5% à la présidentielle de 2022: Emmanuel Macron, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Éric Zemmour, par ordre de suffrages reçus.
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Cela explique les budgets moins importants utilisés par Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou ou Nathalie Arthaud qui ont adapté leurs dépenses à ce remboursement. Yannick Jadot et Anne Hidalgo ont, eux, dépassé ce plafond de 800.423 euros avec respectivement 5,2 millions et 3,7 millions d'euros de dépenses de campagnes.
Ils se sont fait notamment retoqué pour moitié le remboursement de la commande d'un sondage auprès de l'Ifop: "le baromètre des hésitants". La commission a notamment estimé que ce document "s'apparente à un sondage de notoriété" même s'il a servi à "l'orientation de la campagne": une utilité partielle qui ne vaut qu'un remboursement partiel.