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"Indigne et hypocrite": la colère du maire de Sangatte après l'accord migratoire franco-britannique

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Guy Allemand, maire de Sangatte dans le Pas-de-Calais, juge sur RMC "indigne et hypocrite" l'accord migratoire franco-britannique, basé sur le principe d'"un pour un" et qui rentre en vigueur ce mercredi. Les migrants dont la demande d'asile n'est pas jugée admissible par le Royaume-Uni seront renvoyés en France.

Jour-J. L'accord entre en vigueur ce mercredi: celui qui prévoit que le Royaume-Uni renverra désormais en France les migrants entrés sur son territoire via les "small boats", qui ont traversé la Manche, et dont la demande d'asile n'a pas été jugée admissible. C'est le principe du "un pour un".

Dans l'autre sens, Londres acceptera des personnes se trouvant en France et ayant fait une demande sur une plateforme en ligne, en donnant la priorité à celles ayant des liens avec le Royaume-Uni.

"On a été avertis de rien"

"Ce principe me met en colère parce qu'on n'a été avertis de rien", regrette ce mercredi sur RMC Guy Allemand, maire de Sangatte, dans le Pas-de-Calais. "On subit le système migratoire depuis des années", poursuit-il.

L'élu y voit là une "réaction politique d’un gouvernement travailliste face à la pression du parti nationaliste anti-immigration de Nigel Farage qui monte en puissance. Je pense que la rencontre de Macron et Starmer (Premier ministre britannique, NDRL), ça a été de signer cet accord pour démontrer qu’il se passait quelque chose entre la France et l’Angleterre, ni plus ni moins", estime-t-il au micro d'Apolline Matin.

"On se pose la question de l’efficacité de cette voie et de cet accord par rapport à la réduction du nombre de traversées. On reste dans l’inefficacité. C’est ce qu’on subit tous les jours", réagit avec colère sur RMC le maire de Sangatte, Guy Allemand.

Aucune indication officielle n'a été donnée sur le nombre de migrants concernés mais la presse britannique en évoque "50 par semaine". "En tout état de cause, ça reste indigne, hypocrite. Je ne sais pas comment on va réussir, quand on sait que cette année, ce sont déjà 25.400 migrants qui ont traversé la Manche — c’est + de 50 % par rapport à l’année dernière", rappelle le maire de Sangatte.

Les migrants vont-ils ensuite être expulsés vers d'autres pays européens?

Selon l'application de l'accord de Dublin, signé par les pays membres de l'UE, les migrants ne peuvent que demander l'asile dans le pays où ils sont rentrés. "Je suis sceptique dans la mesure où Bruno Retailleau m’avait affirmé de vive voix que cet accord était impossible à mettre en application sous prétexte que le migrant décide seul de son retour, et dispose de deux mois pour répondre aux autorités du pays européen par lequel il est entré", critique de nouveau Guy Allemand.

Le parti-pris : L'accord migratoire franco-britannique entre en vigueur - 06/08
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Cinq pays du sud de l'Europe dont la Grèce, l'Italie et l'Espagne, avaient exprimé en juin leur "préoccupation", disant craindre que la France ne renvoie ensuite les migrants vers le premier pays de l'UE dans lequel ils sont arrivés.

Ce projet a suscité de vives critiques dans le nord de la France, où certains élus estiment que le dispositif est trop favorable aux Britanniques, tandis que des associations d'aide aux migrants jugent qu'il va à l'encontre des textes internationaux sur la protection des réfugiés.

LM