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Les 250 migrants installés devant la mairie de Paris évacués

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Ce mardi matin, les 250 personnes migrantes qui dormaient depuis une semaine devant l'Hôtel de Ville de Paris ont été évacuées. Quelques heures auparavant, Médecins Sans Frontières alertait sur la santé du groupe, composé principalement de femmes et jeunes enfants.

Au petit matin, la situation s'est décantée. Les 250 personnes migrantes, qui dormaient depuis une semaine sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris faute de places dans des hébergements d'urgence, ont été évacuées.

Les sans-abris, principalement des femmes avec de jeunes enfants, mais aussi quelques pères de famille, ont été réveillés à l'aube et priés de quitter les lieux avec leurs maigres effets personnels.

Au moins trois cars étaient stationnés aux alentours de la mairie afin de transporter les familles qui le souhaitaient en région, à Marseille, Bourges et Besançon, où elles devaient être accueillies dans un sas d'accueil temporaire (SAS) - une mesure créée en 2023 pour répondre aux besoins urgents de mise à l'abri en Île-de-France. Ce dispositif avait suscité la polémique avant les Jeux olympiques de Paris.

"Utopia 56 rajoute de l'horreur à l'horreur"

Pour rappel, Utopia 56 et les 250 migrants avaient décidé d'occuper le parvis de la mairie de Paris tant qu'il n'aurait pas de "solution d'hébergement", affirmait Nathan Lequeux, représentant de l'association, le 5 août.

L'action volontaire de l'association, qui défend l'accueil des personnes exilées, pose problème à Élina Dumont, intervenante sociale, qui s'est indignée ce mardi dans Les Grandes Gueules. "Utopia rajoute de l'horreur à l'horreur", a martelé la militante engagée dans des associations humanitaires.

"Il se plaigne de la situation, mais à Paris, il y a des solutions comme des accueils de jour. C'est juste pour dire "regarder la France c'est horrible [...] En plein soleil, il y a d'autres solutions...", juge Élina Dumont. De son côté, la Ville de Paris assure que "dès mercredi soir des propositions d'hébergement pour ces publics" ont été effectuées.

Plus de 250 personnes, principalement des familles ou des femmes seules avec enfants, occupent la place devant l’Hôtel de Ville de Paris depuis une semaine.
Plus de 250 personnes, principalement des familles ou des femmes seules avec enfants, occupent la place devant l’Hôtel de Ville de Paris depuis une semaine. © Photo par VALERIE DUBOIS / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Une évacuation dans un contexte de tension grandissante

Cette évacuation intervient après de nombreux échos faisant état d'une "tension" grandissante autour du campement, affirme l'association Utopia 56, qui prend en charge le groupe. Deux hommes auraient uriné délibérément sur une femme et ses enfants. Le parquet de Paris a décidé d'ouvrir une enquête pour violences en réunion.

Selon Médecins sans frontières, qui a organisé lundi matin des consultations médicales, "les personnes sont épuisées, souffrent de la chaleur et plusieurs enfants ont de la fièvre". En raison de la canicule, Utopia 56 a aussi fait état de cas d'"insolation", de "vomissements chez les bébés et difficultés répiratoires".

L'intervention s'est déroulée dans le calme en présence d'un important dispositif policier tandis qu'une trentaine personnes du service d'assistance des sans-abris de la mairie de Paris et des membres de l'association France terre d'asile s'activaient aux côtés des familles, également épaulés par Utopia 56.

250 migrants installés devant la mairie de Paris - 12/08
250 migrants installés devant la mairie de Paris - 12/08
24:39

De nombreuses familles, vivant à Paris depuis plusieurs mois, ont refusé d'être éloignées de la capitale française, comme Nico, 33 ans, père de quatre enfants. Ce Congolais et sa femme, en situation régulière mais sans logement, ont refusé de monter dans un car.

"Bientôt c'est l'école, nous on travaille, là, et on va laisser tout, pour aller dans la province pour recommencer dans un endroit qu'on ne maîtrise pas?", s'est-il indigné. Il fait des démarches pour obtenir un logement depuis un an et demi, sans succès: "Ma priorité, c'est de protéger mon travail", a-t-il déclaré pendant l'évacuation.

TC et AFP