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Les cagnottes pour les victimes révélatrices d'un sentiment d'injustice: l'avis tranché d'Arthur Chevallier

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Les cagnottes pour soutenir les victimes de faits divers sont devenues fréquentes ces dernières années. Une cagnotte a notamment été lancée en soutien à la famille de Philippine, tuée et violée en septembre 2024. Mais cette tendance, qui ne date pas d'aujourd'hui, est révélatrice d'un sentiment d'injustice des Français.

Une cagnotte a été ouverte pour soutenir la famille de Philippine, l'étudiante de 19 ans retrouvée morte au bois de Boulogne le 21 septembre dernier. Un phénomène de plus en plus fréquent dans les histoires de faits divers médiatisés.

Cela dit quelque chose d'un sentiment d'injustice en France. La justice, ça n’est pas seulement des règles, c’est un sentiment, une impression. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les Français n’ont pas l’impression d’être en sécurité. Les cagnottes sont une façon de l’exprimer et d’alerter l’État. C’est à la fois un geste de contestation et de solidarité pour les victimes.

Dans les commentaires postés sur le site de la cagnotte pour Philippine, il y a des pensées pour les familles, des références religieuses, mais aussi beaucoup de phrases agressives sur la justice.

"Cette justice et ce gouvernement sont complétement responsables de ces actes", peut-on notamment lire.
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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Les cagnottes, un symbole du sentiment d'injustice - 26/09
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Les magistrats, qui rendent la justice, peuvent se sentir pointés du doigt. Pourtant ces derniers appliquent une loi qu'ils n'écrivent pas, mais qu'ils interprètent. Cette interprétation peut être contestée, mais c'est leur métier de le faire. Ils ne doivent pas être pris à partie, ils font leur devoir, même si leur façon d’appliquer les règles peut être contestée.

D’un autre côté, il y a la loi elle-même. Ce ne sont pas les magistrats qui l’écrivent, ce sont les Français. Par l’intermédiaire des députés au Parlement. Les Français ont le droit de penser et de dire que la loi n’est pas juste ou qu’elle n’est pas assez sévère. Ça n’est pas répréhensible. Ils n’attaquent pas les magistrats, ils alertent la classe politique.

Un phénomène pas si récent

Cette tendance des Français à réparer spontanément une injustice, par leur propre moyen, remonte en réalité à assez loin. À l’époque, ça n’était pas des cagnottes, mais des souscriptions. Par exemple, au début du XIXe siècle, on a lancé une souscription nationale pour offrir le château de Chambord au petit-fils du futur roi Charles X. Des Français ont donné de l’argent parce qu’ils voulaient, comme aujourd’hui, réparer une injustice. Redonner à la famille royale ce que la Révolution lui avait pris, à savoir ses châteaux. C’était la même logique qu’aujourd’hui. Les cagnottes, dans notre histoire récente, il y en a aussi eu beaucoup.

C'est le cas par exemple du Sarkothon, lancé pour rembourser les dettes de l’UMP, de la cagnotte lancée pour soutenir le boxeur des Gilets jaunes Christophe Dettinger ou, plus récemment et plus polémique, celle lancée par Jean Messiah pour aider le policier impliqué dans la mort de Nahel.

Arthur Chevallier