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"Les gens n'ont aucun civisme": contre les dépôts sauvages, les municipalités s'équipent de caméras

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Face aux dépôts sauvages de déchets, les municipalités font appel aux caméras et à l'intelligence artificielle. La vidéoprotection permet de sanctionner les réfractaires pris en flagrant délit ou identifiés a posteriori.

Loin du faste des yachts de son fameux port, Saint-Tropez doit lutter contre un phénomène récurrent, les dépôts illicites de déchets. Pour lutter contre ces dépôts sauvages, la municipalité s'est dotée d'un nouveau système de caméras qui détectent les déchets hors des conteneurs.

Un dispositif qui coûte 20.000 euros pour six mois à la commune, mais qui a déjà fait ses preuves, avec l'identification de pollueurs grâce à leurs plaques d'immatriculation, entraînant plus de 50 procédures de verbalisation en deux mois.

Les déchetteries payantes pour les professionnels

Saint-Tropez n'est pas la seule ville à avoir fait ce choix. Comme la célèbre ville du Var, plusieurs municipalités se sont équipées de tels dispositifs pour lutter contre ces dépôts sauvages qui coûtent cher en ramassage et en nettoyage.

C'est le cas de la petite commune de Mériel, dans la Val-d'Oise. "Ce sont souvent des professionnels parce que c'est payant pour eux", explique ce mardi sur le plateau des "Grandes Gueules", Jérôme François, pompier et maire de la petite ville de 5.000 habitants. "Quand ils font un chantier, ils s'économisent les frais d'évacuation des gravats en déposant tout dans la nature et en n'allant pas à la décharge", précise l'élu sans étiquette, qui assure que la vidéoprotection "marche bien".

"Cela permet la flagrance en envoyant les forces de l'ordre directement. Et on peut aussi les utiliser après coup pour retrouver le véhicule avec son immatriculation. Cependant, ça coûte cher parce qu'il faut l'alimenter en électricité aussi", précise Jérôme François sur RMC et RMC Story.
Des caméras pour fliquer les déchets sauvages : judicieux ? - 05/09
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"Je vais être traquée par l'intelligence artificielle alors que je suis rigoureuse"

"Il faut aussi aider les entreprises", juge de son côté le médecin des "Grandes Gueules", Jérôme Marty. "Il y a des tarifs au-delà du raisonnable pour certaines entreprises. Il faut les aider pour qu'ils balancent dedans et pas à côté", avance-t-il. "Il y a aussi une sous-évaluation des besoins, les conteneurs débordent et les gens sont obligés de déposer à côté".

"On va de plus en plus recourir à la vidéoprotection avec l'intelligence artificielle, ce qui n'est pas sans poser de graves problèmes éthiques", note l'enseignante Barbara Lefebvre. "Tout ça parce que des gens n'ont aucun sens du civisme ou du respect de l'environnement, qui jettent du plaquo dans la nature ou des zones protégées", se désespère-t-elle. "Et ça va concerner tout le monde, je vais être traquée par l'intelligence artificielle alors que je suis rigoureuse", alerte l'enseignante. "Le problème est toujours le même, c'est le problème de l'humain".

Un maire tué lors d'un dépôt sauvage

L'amende s'élève à 135 euros par déchet et les frais de ramassages sont facturés à l'auteur du dépôt. L'Association des maires de France avait évalué la quantité des dépôts sauvages à 63.000 tonnes par an. Avec le coût que cela induit et l'impact pour l'environnement.

En août 2019, le maire de Signes (Var) était mort après avoir été renversé par une camionnette prise en flagrant délit de dépôt sauvage de gravats sur sa commune.

G.D.