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Mayotte: le plus grand bidonville de l'archipel situé à Kawéni déjà presque entièrement reconstruit

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C'est ce mercredi que sera présentée en Conseil des ministres la loi spéciale sur Mayotte. Si elle vise notamment à accélérer les procédures administratives. Elle pourrait aussi interdire la reconstruction des bidonvilles. Même si, dans les faits, le plus grand bidonville de France situé au-dessus de Mamoudzou est déjà reconstruit.

C'est ce mercredi qu'est présentée la loi spéciale sur Mayotte, en Conseil des ministres. Elle vise surtout à accélérer la reconstruction en simplifiant les procédures administratives, d'urbanisme, d'octroi de permis...

Avec un autre enjeu, central, qui pourrait figurer dans le texte: les bidonvilles, que le gouvernement voudrait voir disparaître. En déplacement sur l'île la semaine dernière, le Premier ministre, François Bayrou, a déclaré vouloir "interdire et empêcher la reconstruction des bidonvilles."

L'archipel "crève de deux maux majeurs: l'immigration irrégulière et l'habitat illégal", déclarait le ministre des Outre-mer mardi sur notre antenne. Manuel Valls qui a aussi confirmé le lancement d'un recensement de la population à Mayotte "avec l'Insee et les maires", estimant que l'archipel compte "sans doute" 500.000 habitants au lieu des 320.000 officiels, en raison de l'immigration irrégulière, en provenance surtout des Comores voisines.

Mais malgré cette volonté affichée de voir les bidonvilles disparaître, celui de Kawéni, le plus grand bidonville de France, est déjà presque entièrement reconstruit. Quelques briques, beaucoup de tôles entre deux terrains vagues, les cases s'imbriquent à nouveau sur les collines.

“C’est déjà reconstruit. Je n’y croyais même pas”, s'exclame ce lycéen. Il fallait aller vite. “Comme c’est la saison des pluies, quand il pleut il y a un peu d’eau qui entre dans la maison. C’est la galère”, indique-t-il.

Des logements sociaux trop peu nombreux

"Mayotte, c'est chez moi !" insiste Ahmed, un enfant des Comores arrivé à quatre mois. “Ce qui est difficile, c’est de voir les forces de l’ordre qui sont là non pas pour aider les gens, mais pour arrêter les gens. Ils nous disent de ne pas construire, mais nous, on ne trouve pas de logement. Ils veulent qu’on vive dans la rue en fait sans avoir à boire, sans avoir à manger. C’est la misère”, assure-t-il.

Le projet du gouvernement d'interdire les bidonvilles, "ça fait mal" souffle-t-il. “Il faut bien que les gens aillent quelque part”, fulmine Daniel Gros, le référent de la Ligue des droits de l'Homme à Mayotte.

“Si on ne règle pas le problème de l’urbanisme à Mayotte avec des logements sociaux accessibles à ces personnes qu’on déloge, on n’y arrivera pas parce qu’on déloge des personnes, mais on ne s’en occupe pas. On détruit des maisons, c’est tout ce qu’on sait faire”, déplore-t-il.

Des logements sociaux qui manquent déjà pour les nationaux.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours