Notre-Dame de Paris: la reconstruction de la flèche débute, les délais et le budget dans le vert

Quatre ans après l’incendie de Notre-Dame de Paris, le chantier entre cette semaine dans une nouvelle phase. La reconstruction de la célèbre flèche peut commencer. Avec 110 pièces de bois exceptionnelles, issues de chênes vieux de 250 ans, qui vont maintenant s’assembler pour enfin boucher le trou qui est toujours là au centre de la toiture. C’est la phase la plus spectaculaire de la renaissance de la cathédrale qui commence.
Avec d’abord, la construction de ce que l'on appelle le tabouret, c'est-à-dire la base sur laquelle s'élèvera la flèche. Un exercice de montage à blanc a eu lieu en Loraine le mois dernier. Il s’est bien déroulé. Il va falloir maintenant refaire ce mécano en hauteur, puis commencer à monter la structure en bois de la flèche. Plus de 1.000 chênes ont été abattus et sèchent depuis un an et demi. C’est un chef d'œuvre de charpente qui va être reconstruit exactement selon les plans de Viollet-le-Duc qui avait dessiné cette flèche en 1850. Environ un millier de charpentiers, d’artisans et d’ouvriers sont mobilisés.
La réouverture de la cathédrale est toujours prévue pour 2024. Juste après l’incendie, Emmanuel Macron avait promis que la cathédrale serait restaurée pour les Jeux olympiques de Paris. Cela voulait dire une reconstruction en cinq ans. Finalement, cela sera un peu plus. Mais pas beaucoup plus, puisque la messe inaugurale est programmée pour le 8 décembre 2024, dans un peu plus d’un an et demi. Les délais auront donc presque été tenus. Et le budget aussi.
Attention à la sur-fréquentation à la réouverture
On a même presque trop d’argent. Après l’incendie, le total des dons recueillis a atteint la somme de 840 millions d’euros alors que le coût du chantier est estimé à 500 millions. Et pour l’instant, la longue phase de consolidation de la cathédrale a même coûté un peu moins cher que prévu. Du coup, on envisage d’autres travaux sur les façades, qui n’ont pas été touchées par l’incendie, et sur le presbytère et la sacristie.
La Cour des comptes, qui a rendu un rapport à l’automne dernier, juge que la date du 8 décembre 2024 devrait être tenue. Même si tout ne sera pas terminé et qu’il restera des échafaudages en 2025. Mais elle s'inquiète d’un autre sujet: le risque de sur-fréquentation après la réouverture. Avant l'incendie, Notre-Dame accueillait 14 millions de visiteurs par an, ce qui en faisait un des monuments les plus visités du monde. Après la reconstruction, on attend encore 2 millions de visiteurs par an en plus. Il faudra s'organiser. Le libre accès sans rendez-vous et gratuit ne sera peut-être plus possible…
Besoin d’argent pour entretenir les églises
Ce chantier monumental ne doit pas cacher les difficultés de la conservation du patrimoine. La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, doit annoncer ce mardi depuis Amiens un plan sécurité cathédrale, pour prévenir les risques d'incendie dans la plupart des 87 cathédrales françaises. Parce que trop peu de mesures ont été prises après la catastrophe de Notre-Dame de Paris…
De son côté, Stéphane Bern, qui se verrait bien secrétaire d’Etat au patrimoine, a recensé 45.000 édifices religieux dont les trois-quarts sont dans des petites communes qui n’ont pas les moyens de les entretenir. Dans une interview au Journal du dimanche, il remarque que l’on trouve 600 millions pour restaurer le Grand palais à Paris (ou 800 millions pour Notre-Dame) mais pas 1 million pour ces églises.
Or, une église qui tombe en ruine dans un village renforce le sentiment de déclassement des habitants. Abandonner le patrimoine, dit Stéphane Bern, c’est abandonner les citoyens…