"Nous ne sommes pas là pour être mutilés", clame un policier sur RMC

"Les forces de l’ordre sont dans un désarroi total". Comme plusieurs policiers, Thomas Toussaint, tire la sonnette d’alarme. Le délégué national CRS d’UNSA Police est revenu sur les violences qu’ont dû affronter ce week-end les policiers à Paris et dans toute la France.
"C’est une violence sans précédent. Les violences qui ont été commises contre les CRS, les fonctionnaires de police sont d’un niveau assez élevé. J’ai un collègue qui a témoigné que les fonctionnaires avaient reçu de l’acide. En province, il y a même des cocktails Molotov qui ont été lancés sur les forces de l’ordre", affirme-t-il.
Il décrit des policiers dans un état de fatigue avancé. En effet, ces derniers sont mobilisés depuis plusieurs semaines face à un mouvement qui dure et qui se durcit au fil des manifestations. "On a un collègue qui a perdu l’usage d’un œil, un autre qui a été brûlé au troisième degré et qui a dû se faire greffer", témoigne le délégué syndical.
10.000 grenades utilisées
Selon lui, les personnes qui se sont livrés à de telles violences proviennent de divers horizons. Gilets jaunes, opportunistes, usurpateurs… Tous s’en prennent à la police qui ne comprend pas pourquoi elle est la cible de ces violences. "Effectivement, on représente le pouvoir, mais nous on est quand même là à la base pour qu’ils puissent s’exprimer librement et leur permettre une certaine quiétude à l’occasion de manifestation", regrette Thomas Toussaint, ajoutant que les policiers ne sont "pas là pour être mutilés".
Certains ont, après les violences de samedi, pointé du doigt une certaine passivité des forces de police.
"On est dans un consensus. Quand on fait usage de 10.000 grenades sur la journée de samedi et que 137.000 litres d’eau qui ont été balancés sur les manifestants, ça prouve que l’autorité n’a pas donné l’ordre d’aller au contact et pour éviter qu’il y ait de la casse".
L'état d'urgence ? "Inutile"
Le gouvernement après la journée de samedi avait dit ne pas écarter la possibilité de revenir à l’état d’urgence. Une solution qui n’est pas adaptée selon l’UNSA police. "Pour l’instant, c’est inutile. L’état d’urgence ça va nécessiter encore plus de fonctionnaires, donc moins de congés, d’autre part lors de la manifestation contre la loi El Komri, on était dans l’état d’urgence et ça n’a pas empêché d’assister à des exactions, on a encore tous en tête l’image de ce policier en feu", rappel Thomas Toussaint.
Au total, samedi, les violences ont fait 263 blessés en France, dont 133 à Paris. Au total, 412 personnes ont été interpellées et 378 placées en garde à vue à Paris, selon la préfecture de police.