"On marche sur la tête": repas bio ou encore hôtels 5 étoiles, jusqu'où peut-on aller pour nos animaux de compagnie ?

Du luxe pour nos animaux de compagnie. Entre les croquettes bio, les hôtels 4 étoiles pour chiens ou encore les taxis animaliers en Bretagne, les propriétaires prêts à investir pour chouchouter nos compagnons à quatre pattes ne manquent pas. On peut également citer des traiteurs spécialisés, comme le chef Thierry Marx qui s'est mis à faire de la nourriture pour animaux.
D'abord présenté comme une tendance loufoque, le marché de la croquette de luxe signait une hausse de son chiffre d'affaires de 5% en 2024. Mais cette tendance n'est pas toute rose puisque 30% des chiens et des chats en France sont en surpoids quand d'autres y voient des dérives, lorsque d'autres y voient seulement une énième preuve d'affection.
Ce mardi 19 août, le sujet n'a pas manqué de faire régir le plateau d'Estelle Midi. À commencer par le chroniqueur Jean-Philippe Doux, libraire à Aix-en-Provence, adepte de ce qu'il nomme la "ronron thérapie" invitant les clients à caresser les chats présents dans son établissement.
"Chacun à sa place"
Sur la question du traitement cinq étoiles, visiblement en vogue, ce dernier répond: "on en fait trop lorsqu'on fait de l'anthropomorphisme, qu'on les traite comme des êtres humains comme avec des plats préparés [...] Il ne faut pas les chouchouter comme des humains et respecter leurs besoins naturels sans les stresser, ne pas trop les habiller, ne pas trop donner à manger".
Face à lui, Emmanuelle Dancourt, journaliste indépendante et également chroniqueuse sur le plateau d'Estelle Midi et totalement opposée aux attentions 5 étoiles pour les animaux de compagnie.
"Je trouve ça totalement excessif et même totalement indécent. Excessif parce que ça ne correspond pas aux besoins de l'animal. Lorsque des animaux, placés auprès de la SPA, qui ont besoin qu'on s'occupe d'eux, ont le minimum, d'autres profitent de ces traitements, explique-t-elle. [...] On pourrait donner un compagnon à ce chien ou à ce chat qui est à la SPA".
Faisant un parallèle, elle ajoute "Plusieurs fois on a traité du sujet des enfants qui étaient exclus des restaurants car un enfant, ça fait du bruit... On va où là ?". Même son de cloche pour Frédéric Hermel, qui martèle "chacun à sa place".
"Ma grand-mère, il y a 50 ans, était horrifiée de voir apparaître les croquettes pour chiens et pour chats. Ces animaux mangent les restes. [...] On est en train de projeter des réflexes humains sur les animaux et ça va à l'encontre du respect qu'on leur doit", lâche Frédéric Hermel.
Éviter les discours marketing
Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir la vétérinaire Hélène Gâteau, auteure du livre "Pourquoi j'ai choisi d'avoir un chien (et pas un enfant)", invitée ce mardi 19 août sur le plateau d'Estelle Midi. "Je comprends les positions [d'Emmanuelle Dancourt et Frédéric Hermel]. Par rapport à ce qui était dit sur l'alimentation des animaux, ce qu'il faut savoir c'est que depuis qu'on fait attention à la composition des repas pour nos animaux qui répondent à leurs besoins, on a augmenté leur espérance de vie".
Pour la vétérinaire, les discours marketing à destination des propriétaires "qui créent des besoins là où il n'y en a pas" et doivent être à tout prix évités. Selon elle, ce dont l'animal a le plus besoin pour être heureux au quotidien, "c'est de temps de qualité avec son propriétaire. Ça, c'est indispensable et ça ne se monétise pas, ça ne s'achète pas".