"On n'a pas peur": le maire et les habitants d'une ville près de Grenoble tentent de déloger les dealers

Habitants et élus mobilisés pour lutter contre le trafic de drogue. À Fontaine, en Isère, le maire de la ville, qui compte 23.000 habitants, a lancé une opération d'occupation citoyenne pour faire fuir les dealers.
Cette commune limitrophe de Grenoble connaît depuis plusieurs années des problèmes d’insécurité liés aux trafics et aux rivalités entre bandes. Mais ces derniers mois, la violence a augmenté d’un cran, avec deux fusillades.
Des halls d'immeubles occupés quotidiennement
Le quotidien des habitants de certains quartiers est devenu infernal. "On ne peut pas laisser les enfants descendre tout seul. Les dealers empêchent parfois les gens de rentrer chez eux. Personne n’accepterait de vivre dans ces conditions", décrit Laurent Richiero, directeur du bailleur qui détient des logements sociaux à Fontaine.
Ce dernier a rejoint l'opération "réappropriation de l'espace public" du maire de la ville. Pour recréer de la solidarité, il est allé faire du porte à porte avec son équipe. "On ne vous abandonne pas", leur promet-il.
"Rejoignez-nous en pied d'immeuble pour qu'on occupe positivement l'espace à la place des dealers", tente de les convaincre Laurent Richiero.
L'opération doit durer dans un premier temps une dizaine de jours, puis revêtir d'autres formes à plus long terme en vue de "l'apaisement du quartier". "On montre qu'on est présent, on montre qu'on n'a pas peur", se félicite le maire Franck Longo. "Cette semaine on a une association de quartier qui a créé un goûter, on a un concert qui a été fait par le café de la place, on a une brocante qui va être faite par l'association des petits frères des pauvres", liste avec fierté l'élu.
Le dernier espoir du maire
Le maire s'est laissé tenter par cette expérimentation après avoir "tout tenté", notamment une augmentation de 30% des effectifs de police ou l'investissement d'un million d'euros dans 70 caméras de surveillance supplémentaires. Mais cela n'a pas suffi.
"Vous avez des policiers qui viennent pendant un, deux, trois jours, qui nettoient un quartier, mais dès qu'ils repartent, les dealers reviennent tout de suite après", regrette Franck Longo, qui mise désormais sur "la proximité, les habitants, les élus, les commerçants". Trente policiers municipaux et nationaux seront aussi présents quotidiennement, pendant toute la durée de l'opération.