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"On n'en a rien à foutre": à Mayotte, le couvre-feu pour éviter les pillages agace

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Après le passage du cyclone Chido, Mayotte est en proie aux pillages. Sur place, les habitants manquent de tout. Un couvre-feu est en place depuis mardi soir et les Mahorais n'ont pas le droit de sortir de 22h à 4h du matin. Une mesure jugée inutile par beaucoup d'entre eux.

Un couvre-feu est entré en vigueur ce mardi soir à Mayotte, de 22h jusqu'à 4h du matin, pour assurer la sécurité et éviter les pillages. La police nationale a aussi lancé un appel aux volontaires "de toutes les filières" pour "a minima quatre semaines" afin de renforcer ses effectifs sur place.

Les autorités constatent que des "tensions commencent à apparaître", les personnes affluant vers les stations-service, dont les deux tiers sont réquisitionnées pour les véhicules de secours. Mais ce couvre-feu ne convainc pas grand monde à Mayotte.

De premières scènes de pillage ont eu lieu dès le lendemain du cyclone, confirme le policier Djamaldine Djabiri. Le couvre-feu doit les limiter et aider les forces de l'ordre en sous-effectif. Beaucoup ne peuvent pas rejoindre leur service, faute d'accès faute d'essence.

“Pour moi, sur les grands axes, les policiers peuvent s’assurer qu’il n’y ait pas énormément de gens et que les magasins ne soient pas pillés. Mais dans les quartiers, il y aura toujours du monde, des gens qui n’ont pas de toit, qui n’ont pas eu à manger. Je ne sais pas comment on va pouvoir faire”, indique-t-il.

Des gendarmes supplémentaires envoyés à Mayotte

Mais ces vols ont lieu en plein jour, témoigne Christophe, un habitant de Mamoudzou. “Les gens sont venus chez moi à partir de 10h du matin et je suis en centre-ville. Le couvre-feu, ça ne me rassure pas. Pour moi, il faut du personnel militaire pour pouvoir le faire appliquer”, indique-t-il. 400 gendarmes supplémentaires doivent arriver bientôt.

“Je suis en train de déblayer ma maison. Des couvre-feux, il y en a déjà eu plein à Mayotte qui n’ont pas eu de résultats. Nous, on a besoin de coups de main pour nous aider à réintégrer nos logements, des aides financières… Ce n’est pas le couvre-feu. Le couvre-feu, on n'en a rien à foutre”, s'émeut Sanya.

"Ces annonces, c'est du vide", s'agace-t-elle. Ce fort sentiment d'abandon est déjà accompagné début d'impatience à Mayotte.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours