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"On regarde par la fenêtre si on peut sauter": les victimes de l’incendie de Vaulx-en-Velin dénoncent "l’abandon de l’Etat"

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Près d’un an après l’incendie de Vaulx-en-Velin, qui avait fait dix morts dont quatre enfants, les habitants du quartier se sentent abandonnés par l’Etat.

Dix morts, dont quatre enfants. Dans la nuit du 15 au 16 décembre 2022, un terrible incendie avait ravagé un immeuble du chemin des Barques, à Vaulx-en-Velin (Rhône). Huit jeunes hommes, âgés de 19 à 22 ans, ont été placés en garde à vue ce mardi, près d’un an plus tard, avant d’être relâchés dans la soirée. Selon les informations de RMC, ils habitent tous à Vaulx-en-Velin et la moitié y sont nés. Ils sont tous déjà bien connus des services de police, pour trafic de stupéfiants notamment. D'après les enquêteurs, ils étaient présents sur le point de deal dans cet immeuble, la nuit du drame, où un canapé avait pris feu.

"On espère que ce n’est qu’un début, ces gardes à vue, explique Laetitia Berriguiga, présidente de l'Association des victimes de l'incendie des Barques, dans Apolline Matin ce jeudi sur RMC et RMC Story. Il y avait une présence dans l’allée, mais pas seulement. Si on atteint dix morts dont quatre enfants, c’est qu’il y avait diverses responsabilités, et on espère qu’elles seront toutes pointées."

"On réclame aussi qu’une enquête soit faite sur l’état du bâtiment, ajoute-t-elle. Les normes de sécurité, est-ce qu’elles étaient respectées? On a la preuve que non. Il y a eu des signalements en amont. Ce qu’on constate, c’est que les personnes qui continuent à vivre dans ce quartier sont toujours dans les mêmes conditions. Si demain, un drame se reproduit, il se passera la même chose parce que les normes de sécurité ne sont pas à jour et que les immeubles sont vétustes."

Témoin RMC : Laetitia Berriguiga - 07/12
Témoin RMC : Laetitia Berriguiga - 07/12
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"On ne dort pas parce qu’on a peur"

Dans le quartier, les habitants restent très marqués. "Depuis ce drame, tous les soirs, on ne dort pas parce qu’on a peur, confie Laetitia Berriguiga. Moi, si demain il y a le feu dans mon allée, j’ai peur que les pompiers n’arrivent pas à temps, que les bouches d’aération ne soient pas ouvertes, que les alarmes ne sonnent pas, qu’on ne puisse pas sortir… On est en danger en raison de l’insécurité ambiante dans le quartier. Au-delà de ça, si un problème arrive, on est en danger parce qu’on a peur de ne pas être secouru à temps parce que les conditions ne le permettent pas. L’angoisse, elle est constante."

"Le réflexe de tous les sinistrés aujourd’hui, dans une salle, c’est de regarder par la fenêtre s’il est possible de sauter par là, si les bouches d’incendie sont accessibles… Ils vivent dans l’angoisse permanente. Je pensais que se défenestrer, c’était une option qui n’était pas envisageable. Mais pour eux, maintenant, c’est une solution de sortie", souligne la présidente de l’association, qui n’a "pas vu de changement" sur les points de deal à Vaulx-en-Velin et à proximité, malgré les promesses du gouvernement.

Et depuis un an, les victimes se sentent complètement abandonnées par la mairie et les institutions. Cinq familles attendent toujours d'être relogées de manière pérenne. "On déplore et on ressent un abandon de la part de l’Etat, dénonce Laetitia Berriguiga. On avait demandé, dès le départ, une prise en compte totale, qu’on puisse être géré comme des personnes qui ont vécu un drame collectif. Cela n’a pas du tout été le cas, malgré toutes nos sollicitations. On a demandé plusieurs fois à avoir un entretien avec la préfecture, on n’a jamais eu de réponse. On a même sollicité la Première ministre en juillet par un courrier, en lui demandant d’intervenir et de prendre en compte notre situation. Et on n’a jamais eu de retour."

LP