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Propos de Mélenchon contre les médias: "Il veut des médias qui ne contesteraient pas ses propos"

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, a dénoncé ce lundi dans Bourdin Direct les propos de Jean-Luc Mélenchon, selon qui "la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine".

Jean-Luc Mélenchon n'a jamais été fan des journalistes. Mais là, il a franchi un cap dans la détestation de la profession. Dans son dernier post de blog, le chef de file de la France insoumise estime "juste et saine la haine des médias et de ceux qui les animent". Des propos "dangereux" qui ont outré Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières, invité ce lundi de Bourdin Direct. "Je comprends mal qu'un responsable politique puisse tenir de tels propos. Que Jean-Luc Mélenchon comme d'autres critiquent les médias, c'est légitime - les médias peuvent être traversés d'influences sociologiques ou idéologiques, le pluralisme est à parfaire… - mais appeler à la haine, c'est tout à fait autre chose", explique Christophe Deloire.

"Ça participe d'un mouvement mondial où des dirigeants politiques, parfois des chefs d'Etat, s'en prennent avec virulence et violence à des journalistes. Ça démontre une haine du pluralisme et ça instigue une vraie dérive démocratique."

"Une haine du pluralisme"

Selon lui, les propos de Jean-Luc Mélenchon créent un climat malsain. "Que veut Jean-Luc Mélenchon? Qu'il n'y ait plus de journalistes pour enquêter sur l'évasion fiscale, sur la corruption? Il veut un champ médiatique avec uniquement des médias de communication chargés de faire la publicité de tel ou tel homme politique?".

Pour Christophe Deloire, Jean-Luc Mélenchon, comme Marine Le Pen ou Laurent Wauquiez "défendent un modèle où il n'y a pas de contestation de leur propos, pas de regard sur leur politique. Franchement ce n'est pas un avenir pour la démocratie".

"Le journaliste n'est pas parfait mais il est honnête"

Pour le secrétaire général de Reporters sans frontières, "Jean-Luc Mélenchon attaque ce qu'il y a sans doute de plus honnête dans l'information". Pour lui, si "le journaliste n'est pas parfait", "c'est à l'évidence la partie la plus honnête" du champ de l'information aujourd'hui, "parce qu'il y a des principes déontologiques, parce qu'il y a des règles de vérifications". Christophe Deloire compare ainsi les médias aux réseaux sociaux, sur lesquels on trouve "beaucoup de rumeurs, parfois des médias de propagande, du brand content – de la publicité déguisée - et des contenus sponsorisés. Tout un champ de l'info dans lequel il y a des logiques d'intérêts déguisés, de la communication, de la publicité".

P. G. avec J-J. Bourdin