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"Remettre de la vie": Guillaume Kasbarian veut faciliter le retour des bistrots dans les villages

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Le député Guillaume Kasbarian veut faciliter la réouverture des bistrots et cafés dans les villages en assouplissant les règles d'obtention de la licence 4, nécessaire pour vendre de l'alcool. Une proposition de loi doit être présentée ce mercredi, mais elle se heurte à l'opposition de LFI, quand certains patrons de bar estiment que la licence 4 n'est pas le problème.

Dans les communes rurales c'est l'hécatombe. Le nombre de bistrots traditionnels a été divisé par 5 en 60 ans dans les petits villages de France. Pour inverser la tendance, le député EPR Guillaume Kasbarian défend ce mercredi une proposition de loi devant la commission des affaires sociales pour faciliter l'installation de bars dans les petites communes à travers l'obtention de la licence 4.

"L'objectif c'est de remettre de la vie dans les villages", défend Guillaume Kasbarian ce mercredi sur RMC et RMC Story. "Dans beaucoup de petites communes il n'y a pas un seul commerce, cafés ou bistrot alors que le bistrot c'est un lieu de sociabilisation et de rencontre", avant ce l'ex-ministre du Logement.

Faciliter l'obtention d'une licence 4 pour vendre tous types d'alcool

Le député d'Eure-et-Loir veut faciliter la réouverture des bistros via la simplification de l'accès à la licence 4. Cette licence, nécessaire pour ouvrir un débit de boissons et y vendre de l'alcool de plus de 18°, est impossible à créer. Pour l'obtenir et démarrer son activité, il faut 7500 euros et une autorisation administrative qui n'arrive qu'avec un transfert quand un autre détenteur veut revendre la sienne.

"On veut permettre aux communes de moins de 3.500 habitants dépourvues de bistrots et cafés, de créer une licence (sur simple déclaration)", explique Guillaume Kasbarian.
Le parti-pris : Une loi pour favoriser les bistrots dans les villages ? - 05/03
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En attendant cet assouplissement, les municipalités se démènent pour faire revivre ces cafés. C'est le cas à Corveissiat dans l'Ain, ou le bar-restaurant à l'abandon depuis 4 ans, a été repris par 3 amies. C'est après un appel d'offres qu'Audrey, l'une des trois repreneuses a pu rouvrir l'établissement: "Ça fait revivre le village, c'est important, il y avait une énorme demande, sinon les villages meurent", déplore-t-elle.

Les entrepreneuses ont été bien aidées par la mairie: 300.000 euros de travaux, la recherche de subventions et le rachat de la licence 4 aux précédents propriétaires, indispensable pour vendre tous les types d’alcool: "Ouvrir un restaurant sans licence 4, la viabilité n'est pas là", assure le maire de Corveissiat Jonathan Gindre.

Le 3216 RMC du 5 mars - 6h37
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Le ministre, "il rêve"!

Mais pour Benjamin, patron de bar à Saint-Fargeau (1.500 habitants) dans l'Yonne, le sujet épineux est surtout celui des charges: "Je n'arrive déjà pas à me sortir un salaire, comment je peux embaucher, c'est totalement impossible", déplore-t-il.

David, patron de bistrot à Esvres-sur-Indre dans l'Indre-et-Loire, n'ouvre plus le soir:" C'est gentil ce qu'il dit le député mais il y a une dizaine d'années il y avait eu un projet avec des aides. Ça s'est fait, maintenant il faudrait regarder combien de ces bistrots aidés il reste. Ce n'est pas un problème de licence 4, c'est de savoir ce que les gens veulent", soutient-il alors que "depuis le déconfinement, le mode de consommation a changé".

Yannick qui tient un hôtel-bar-restaurant dans la Drôme constate lui que l'activité a diminué: "Même les jeunes d'une cinquantaine d'années ont perdu cette habitude. On vit grâce au restaurant. J'entends le ministre mais il rêve! Dans ma commune de 2.000 habitants, il y a 8 bars!".

Sur le terrain politique, La France insoumise a annoncé s'opposer au projet de Guillaume Kasbarian au nom de la lutte contre l'alcoolisme: "Ils n'ont pas raison", juge le député EPR "parce que 80% de l'alcool est vendu dans les supermarchés". "Dans les villages sans bar, les gens ne sont pas abstinents, ils consomment chez eux sans aucun contrôle. Prétendre lutter contre l'alcoolisme en fermant les bars et les cafés, c'est fallacieux comme argument", assure l'ex-député.

Guillaume Dussourt avec Vincent Chevalier