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Retraites: la Défenseure des droits alerte sur les interpellations préventives

Claire Hédon, défenseure des Droits, sur RMC le 26 janvier 2023.

Claire Hédon, défenseure des Droits, sur RMC le 26 janvier 2023. - RMC

La Défenseure des droits a alerté mardi sur les conséquences d'interpellations préventives lors des manifestations contre la réforme des retraites. Elle se dit "préoccupée par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux.

La Défenseure des droits, qui se dit "préoccupée" et "inquiète", a alerté mardi sur les conséquences d'interpellations préventives synonymes de privation de liberté et rappelé les règles de déontologie dans le maintien de l'ordre, lors des manifestations contre la réforme des retraites.

"La Défenseure des droits alerte sur les conséquences d'interpellations qui seraient préventives de personnes aux abords des manifestations (...) Cette pratique peut induire un risque de recourir à des mesures privatives de liberté de manière disproportionnée et de favoriser les tensions", indique dans un communiqué Claire Hédon, Défenseure des droits.

Elle se dit "préoccupée par les vidéos circulant sur les réseaux sociaux, de nombreux articles (...), témoignages et saisines reçus par l'institution sur de possibles manquements déontologiques dans le maintien de l'ordre au cours des événements des jours derniers".

425 gardes à vue en 3 jours, 52 font l'objet de poursuites

Claire Hédon souligne "que le respect des règles de déontologie est essentiel pour apaiser les tensions et favoriser la confiance entre la police et la population".

Selon une source policière, 287 personnes, dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France lors d'une cinquième soirée consécutive de manifestations spontanées dans le cadre de la mobilisation contre l'emploi de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter la réforme contestée des retraites.

Selon le dernier bilan consolidé du parquet de Paris, 425 personnes ont été placées en garde à vue lors des trois premières soirées de manifestations spontanées, de jeudi à samedi, et seules 52 ont fait l'objet de poursuites à l'issue.

Des vidéos sur les réseaux sociaux

Une vidéo tournée lundi soir et largement relayée sur les réseaux sociaux, montre également un policier assenant un coup de poing au visage d'un manifestant à Paris.

"La Défenseure des droits, inquiète des témoignages dont elle est destinataire, restera vigilante quant à la bonne application des règles de déontologie par les forces de sécurité", assure Claire Hédon, "compétente pour traiter toute réclamation relative à de possibles manquements dans le cadre du maintien de l'ordre, qu'elle émane de victimes ou de témoins".

"Il n'y a pas d'interpellations injustifiées, je ne peux pas laisser dire ça", a déclaré le préfet de police Laurent Nuñez mardi sur BFMTV, alors que syndicats d'avocats, de magistrats et des politiques de gauche avaient dénoncé des gardes à vue "arbitraires".

"Nous avons 48h pour essayer de matérialiser l'infraction"

"On interpelle pour des infractions qui, à nos yeux, sont constituées" et, une fois le placement en garde à vue décidé par un officier de police judiciaire (OPJ), "nous avons 48 heures pour essayer de matérialiser l'infraction, c'est court", a insisté le préfet de police.

"Quand on arrive au bout des 48 heures, parfois on n'a pas caractérisé l'infraction, on est dans un État de droit, c'est heureux et à ce moment-là, il n'y a pas de poursuites", a poursuivi Laurent Nuñez.

Le préfet a souligné par ailleurs "qu'un certain nombre de personnes n'ont pas été déférées (présentées devant un juge, NDLR) mais il y a eu des alternatives aux poursuites, donc l'infraction était constituée".

AB avec AFP