"Rien à lui reprocher": mobilisation pour Ibrahim, 18 ans, apprenti boucher et menacé d'expulsion

Apprenti boucher, Ibrahim, 18 ans, est Malien et travaille depuis deux ans dans la boucherie de Jérôme, à Vaux-en-Bugey dans l'Ain. Arrivé à 16 ans en juillet 2021, et malgré un contrat d'apprenti et son inscription en CAP, il n'a pas pu obtenir son titre de séjour et a récemment reçu un OQTF, une Obligation de quitter le territoire français.
"Ça fait bientôt deux ans qu'Ibrahim travaille avec nous et il y a une dizaine de jours, nous avons eu la mauvaise surprise de recevoir une OQTF", se désole ce lundi sur RMC Jérôme, le boucher qui l'emploi. Et depuis le 16 juin, il ne peut plus travailler à la boucherie. Tout s'est arrêté, même si son contrat est toujours d'actualité", ajoute-t-il.
Le village est mobilisé pour Ibrahim: "La maire François Rabilloud-Veysset a écrit à la préfète, il y a une pétition sur Facebook et une pétition papier au magasin: 1.300 personnes l'ont signé", alors que le village ne compte que 1.200 habitants. Une autre pétition en ligne a recueilli plus de 900 signatures.
"Quand on trouve une personne qui veut travailler, on lui coupe tout"
Une décision d'autant plus étonnante que Jérôme assure avoir du mal à recruter: "On ne trouve personne pour travailler et quand on trouve une personne qui veut travailler, on lui coupe tout, on l'empêche de travailler. En deux ans, il a énormément évolué en Français, on n'a rien à lui reprocher", explique le boucher qui raconte avoir recruté un Français l'année dernière, parti au bout d'un mois seulement.
La maire espère pouvoir avoir un délai supplémentaire. De son côté, Jérôme assure avoir reçu le soutien de Stéphane Ravacley, boulanger de Besançon qui s'était mobilisé pour empêcher l'expulsion de son apprenti en 2020.
La préfecture juge son niveau en Français insuffisant
Ibrahim lui, doit passer son CAP pratique mardi: "Moralement, ce n’est pas le mieux pour lui la veille de son CAP. Il n'est pas dans des conditions idéales", déplore Jérôme. La préfecture estime que le niveau en Français d'Ibrahim est insuffisant et ne lui permet pas de rester en France.
Pourtant, la majorité avait promis de régulariser ces sans-papiers qui travaillent, dans le cadre de sa loi immigration. Sauf que pour avoir le soutien de la droite, la majorité a fait machine arrière, et est moins encline à régulariser ces travailleurs étrangers.