RMC

Amazon se lance la recherche de vaccins contre le cancer

Amazon fait le pari du domaine de la santé. Avec de grandes ambitions dans ce secteur, le géant américain se lance dans le développement d'un vaccin contre le cancer et souhaite devenir incontournable, de l'équipement médical à la pharmacie.

La vente en ligne ne leur suffit pas: maintenant, Amazon veut devenir votre médecin. En effet, les géants de la tech s’intéressent de plus en plus près à notre santé et Amazon est en train de développer des vaccins contre le cancer. Sa puissance dans le domaine de l’intelligence artificielle permettra de développer des "vaccins personnalisés", qui seraient capables de traiter les cancers du sein et de la peau. Ils se sont alliés avec un grand centre de recherche américain et viennent d’obtenir l’autorisation de la FDA, l’autorité américain de la santé, pour recruter des volontaires pour des essais cliniques de phase 1.

Les vaccins contre le cancer, c’est un champ de recherche qui a un potentiel incroyable mais sur lequel la recherche bute depuis des années. Il y a quelques semaines, une équipe américaine de la Tufts school of engineering a présenté un vaccin à ARN dont les résultats sont très impressionnants sur les souris. Cela fait longtemps qu’Amazon s’est lancé dans la lutte contre le cancer avec un laboratoire très discret en interne baptisé 'Grand Challenge'. Le but de cette équipe sur laquelle Amazon ne communique jamais officiellement, c’est de travailler sur des projets qui n’ont pas de visée commerciale immédiate mais qui ont un potentiel énorme.

A titre personnel Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, a aussi investi dans Grail, une entreprise très en vue de la Silicon Valley spécialisée dans la biopsie liquide, des prises de sang capables de détecter des dizaines de cancers différents avant même l’apparition des premiers symptômes et avant qu’ils ne soient visibles sur des appareils de radiologie.

Amazon veut devenir incontournable dans le domaine de la santé

Mais plus que participer à la recherche, Amazon veut devenir notre médecin. Aux Etats-Unis, le géant américain vient de racheter un réseau de 180 cliniques pour 4 milliards de dollars. Ils proposent aussi de la téléconsultation. Ils ont aussi lancé leur propre gamme de produits médicaux: tensiomètres, de glucomètres vendus sur Amazon. L’enjeu c’est de cibler les patients qui souffrent de maladies chroniques, notamment le diabète et l’hypertension avec l’idée, à terme, de pouvoir à terme connecter ces objets aux assistants vocaux qui vont se transformer en aide soignants.

Ainsi, Alexa, l'assistant vocal du géant américain, permettra de prendre un rendez-vous avec un médecin, d’avoir un suivi sur une commande de médicaments, des conseils post-opératoires quand on rentre à la maison après une opération, de suivre sa glycémie et d’obtenir des conseils personnalisés. Amazon imagine même dans certains brevets qu’Alexa pourra bientôt détecter à votre voix que vous êtes enrhumé et vous proposer de commander du doliprane ou du sirop pour la toux, sur Amazon évidemment.

>>> Retrouvez la chronique d'Anthony Morel en podcasts sur le site et l'appli RMC

Quelles données personnelles pour les géants de la tech?

Il n'en reste pas moins un problème de données personnelles. Docteur Amazon, Google ou Apple s’intéressent tous de très près aux questions de santé: ils nous connaissent mieux que nos médecins, voire que nous-mêmes, à travers les smartphones, les montres connectées qui sont de plus en plus des assistants médicaux. La dernière Apple Watch par exemple, en plus de l’électrocardiogramme, qui recueille déjà pas mal de données cardiaques, propose maintenant un suivi du cycle menstruel avec des estimations de dates d’ovulation en fonction des décalages de température du corps de l’utilisateur.

Tant que ces données ne sont pas piratées ou revendues à des assureurs, pourquoi pas. En Europe, on est un peu protégés par le RGPD, qui interdit de recueillir des données de santé autrement que dans un cadre médical ou de recherche, on ne peut pas les utiliser à des fins commerciales, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis par exemple. Ces données couplées à leurs compétences dans le domaine de l’intelligence artificielle et de l’analyse de données vont permettre de résoudre d’anticiper des problèmes, d’allonger l’espérance de vie, d’aller vers une médecine ultra personnalisée bref, d’améliorer nos vies. Mais est-ce qu’on aura envie de laisser ce qu’on a de plus intime, nos données médicales, à un géant technologique?  

Anthony Morel (avec MM)