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"C'est de pire en pire"; pourquoi la pénurie de médicaments et notamment d'antibiotiques s'aggrave

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Les pédiatres de plusieurs pays européens tirent la sonnette d'alarme dans une lettre ouverte aux ministres de la Santé publiée ce mardi matin. Ils alertent sur la pénurie de médicaments qui se poursuit. En France, plusieurs antibiotiques, dont l'amoxicilline, largement prescrite aux enfants, étaient ainsi en rupture cet hiver.

Antibiotiques, analgésiques, médicaments contre la fièvre, vaccins… Ils sont de plus en plus rares dans nos pharmacies. La pénurie de médicaments dure depuis novembre et met en danger la santé de nos enfants.

De nombreux parents en font la douloureuse expérience. Deux enfants avec la grippe et à chaque pharmacie, la même réponse: rupture de stock sur les antibiotiques. Ahlem a dû se débrouiller autrement pour soigner ses enfants.

“C’est une copine qui m’a donné une boite. Pareil pour le Doliprane. Si je n'en avais pas chez moi, c’était une galère pour en trouver quoi”, indique-t-elle.

Une petite frayeur pour cette mère de famille. “On prie pour pas qu’ils tombent malades quoi”, ajoute-t-elle, fataliste.

Des antibiotiques prescrits moins longtemps

Rahma est pharmacienne dans le centre de Nice, et malgré les mois qui passent, les armoires de médicaments ont du mal à se remplir. “On a énormément de ruptures, on a presque 80% de notre liste de médicaments qui ne sont pas disponibles”, détaille-t-elle. Alors c'est le système D. “Par exemple, on va nous prescrire du 1 gramme, on va faire du 500/500. Ou alors carrément changer de molécule”, explique-t-elle.

Du côté des médecins, on tente de s’adapter aussi explique Andreas Werner, pédiatre. “On traite un peu moins bien. Pour les otites, la recommandation officielle, c’était un enfant reçoit 10 jours d’antibiotiques. Cette recommandation, on l’a diminuée à 5 jours”, indique-t-il.

Président de l’Association Française de Pédiatrie Ambulatoire, Andreas Werner est co-signataire de la lettre ouverte au ministre de la Santé qui crie l’urgence de la situation.

“C’est de pire en pire, on a de moins en moins de médicaments. C’est quand même des médicaments pédiatriques essentiels. C’est l'amoxicilline. On n'a pas de paracétamol, alors qu’on est en France en 2023”, dénonce-t-il.

Une pénurie qui peut s'expliquer assez simplement selon Jérôme Martin, fondateur de l'Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament. “Nous avons confié la recherche et la production de médicaments essentiels à des acteurs privés qui n’ont pas pour logique celle de la santé publique et celle de répondre aux besoins de santé de tout le monde. Par exemple, pourquoi il y a une pénurie d’amoxicilline, parce qu’il y a trois ans, les producteurs ont ralenti ou arrêté leur production d’antibiotiques parce qu’il y avait des gestes barrières, des confinements qui ont permis de lutter contre le covid. Mais redémarrer une production prend du temps", explique-t-il ce mardi sur RMC.

La France qui n’est pas la seule dans ce cas, cette lettre s’adresse également aux ministres de la Santé Allemand, Italien, Autrichien et Suisse.

Siam Spencer avec Guillaume Descours