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"Ça peut faire jurisprudence": un cancer du sein reconnu comme une maladie professionnelle

Une infirmière, qui a travaillé de nuit à l'hôpital pendant 28 ans, a eu un cancer du sein. Après deux ans de procédure, il a été reconnu que son cancer est une maladie professionnelle. Une première en France, qui pourrait devenir une jurisprudence.

C'est une première en France. Un cancer du sein a été reconnu pour la première fois comme maladie professionnelle. Après deux ans de procédure, une ancienne infirmière de l'hôpital de Sarreguemines de 62 ans a obtenu cette reconnaissance à cause du travail de nuit répété. Cette infirmière prénommée Martine a travaillé de nuit pendant 28 ans. Son cas pourrait bien faire jurisprudence pour d'autres femmes.

Ce lien établit entre conditions de travail et cancer du sein, c'est une victoire pour Josiane Clavelin, une ex-aide-soignante lanceuse d'alerte. Avec d'autres syndiqués CFDT, elle a suivi de près le dossier de Martine, infirmière à la retraite.

“Elle m’a dit ‘tu sais, je suis tellement contente, pas pour moi, mais pour les autres’. J’ai eu des collègues, elles ont eu des cancers du sein les unes après les autres, c’est bizarre”, indique-t-elle.

Une jurisprudence pour d'autres métiers?

Travailler la nuit à l'hôpital sous les lumières, c'est perturber son rythme biologique, hormonal et notamment la sécrétion de la mélatonine, un anti-cancérigène naturel. “Notre objectif, c’est la prévention. Vous vous rendez compte qu’il y a des infirmières ou des aides-soignantes qui font toute leur carrière sur des postes de nuit. En Alsace, il y a une usine de chewing-gums où les femmes font des postes de nuit. Est-ce que c’est nécessaire de fabriquer des chewing-gums la nuit?”, interroge-t-elle.

Cette reconnaissance d'un cancer du sein comme maladie professionnelle doit en appeler d'autres.

“Ça peut effectivement faire jurisprudence, que ce soit pour les infirmières ou pour les autres corps de métiers, dans toutes sortes d'entreprises”, affirme Maître Élisabeth Leroux, qui représente des femmes qui travaillent de nuit.

Cette avocate signale que les tribunaux de Metz et d'Agen ont été saisis pour des cas similaires à celui de Martine.

Maryline Ottmann avec Guillaume Descours