Comment améliorer la sécurité dans les hôpitaux, après le drame au CHU de Reims?

Deux membres du personnel du CHU de Reims ont été attaqués par un homme muni d'un couteau, ce lundi. Il a réussi à atteindre les vestiaires du personnel, au sein desquels il a poignardé une infirmière de 37 ans qui n'a pas survécu à ses blessures. Cette attaque remet inévitablement en question la sécurité dans nos hôpitaux. Comment l'agresseur a-t-il pu pénétrer dans le CHU armé d'un couteau avant d'agresser cette infirmière dans une salle réservée au personnel?
L'enquête pourra probablement lever les zones d'ombres sur les failles qui ont permis à l'agresseur de pénétrer dans le CHU de Reims. Mais dans les autres hôpitaux français, les établissements sont-ils vraiment armés pour assurer la sécurité du personnel?
Des membres du personnel soignant, sur le terrain, ont témoigné à RMC de leur situation. Derrière le guichet d'accueil des patients dans un hôpital parisien, Zazie est en première ligne. Elle raconte avoir "été témoin de grandes violences".
Et comme tout le personnel soignant français, elle pense beaucoup à la mort de sa consoeur Carène, l'infirmière du CHU de Reims.
"Sincèrement, avant, on n'y pensait pas à ça. On ne pensait pas à notre sécurité. Les gens rentrent un peu comme dans un moulin. Donc des sas, des badges…", énumère-t-elle.
Une collègue poignardée, un agent de sécurité... de nuit
Alexandre, lui, est ambulancier dans les Deux-Sèvres. Sa collègue a été mortellement poignardée il y a trois ans. Il a fallu ce drame pour que l'hôpital recrute un agent de sécurité. Il regrette toutefois que cet employé de sécurité ne soit présent "que la nuit".
"On aurait aimé qu'il soit présent 24/24h pour nous aider en cas de problèmes. Depuis ce drame, au niveau des patients en psychiatrie, c'est vrai qu'on est un peu plus méfiants… mais on n'est pas mieux formés", déplore Alexandre, ambulancier dans les Deux-Sèvres.
Du côté de Marie, cadre de santé dans un hôpital breton, un dispositif lui permet d'alerter de différentes manières qu'elle est en insécurité. C'est un "bip violence", qui "permet d'être plus nombreux pour désamorcer la situation".
"Pour ce qui est de l'agressivité verbale, elle est quotidienne, je pense, pour tous les soignants. C'est ça aussi qui est lourd, et pour le coup là le bip violence n'y fait rien", explique Marie.
Et elle a rendez-vous avec la direction de l'hôpital début juin pour renforcer la sécurité des personnels.
Une réunion des professionnels au ministère
Le ministre de la Santé, François Braun, va réunir ce jeudi matin syndicats et représentants des professionnels de santé pour évoquer la sécurité dans les hôpitaux. L'objectif est de voir "tout de suite s'il y a des solutions possibles pour améliorer cette sécurité".
Les agressions de soignants ont bondi de 23% en 2022... 1.244 incidents rapportés selon l'ordre des médecins, un chiffre qui ne concerne pas que les hôpitaux. Un rapport sur la sécurité des professionnels de santé doit être remis au gouvernement le 1er juin.