"On rentre comme dans un moulin": une infirmière témoigne sur les violences à l'hôpital
Agressé à coups de couteau par un homme de 59 ans au sein du CHU de Reims la veille, une infirmière de 37 ans est morte ce mardi matin. Une secrétaire médicale, également touchée par l'assaillant, a été opérée avec succès et ses jours ne sont plus en danger. Une nouvelle attaque tragique de soignants, alors que le phénomène semble s'amplifier, notamment depuis la pandémie de Covid-19. Selon l'observatoire de sécurité du conseil national de l'ordre, les médecins ont déclaré 1.244 incidents en 2022.
"Gérer les entrées et les sorties, c’est du travail en plus"
Ces violences, Sylvie, auxiliaire puéricultrice à l’hôpital pédiatrique de Bron, dans le Rhône, les a vécues dans son établissement de santé. "Je travaille en pédiatrie. Récemment, un homme a été interpellé avec une disqueuse dans son sac. On rentre comme dans un moulin. La nuit, vous pouvez monter, rentrer dans les salles de soins. Il n’y a pas de filtre, pas de sas", raconte-t-elle aux "Grandes Gueules".
"Cela fait des années que l’on réclame un sas avec des téléphones pour ouvrir aux parents qui voudraient venir. Mais gérer les entrées et les sorties, c’est du travail en plus qui nous éloigne des enfants", assure Sylvie, qui travaille exclusivement de nuit.
Aujourd’hui, l'auxiliaire-puéricultrice se dit indignée par la violence des patients et de leurs proches: "Il y a des gens qui nous insultent parce qu’on leur dit de ne pas être 15 dans la chambre d’un enfant qui se repose". Et quand ces violences sont rapportées à la hiérarchie, avec parfois dépôt de plainte à la gendarmerie, rien ne se passe après, déplore-t-elle sur RMC et RMC Story.
"Il y a des règles mais il n'y a pas les crédits pour les mettre en place", déplore de son côté le médecin généraliste Jérôme Marty. "Les établissements doivent respecter des plans de sécurité, mais il y a des injonctions contradictoires. Les entrées des pompiers doivent être facilement accessibles mais les plans de sécurité demandent à ce que tout soit fermé. Rien n'est fait pour protéger les mains qui soignent", alerte le praticien.
Irresponsabilité pénale
L’agresseur de Reims a été placé en garde à vue et l'enquête a été requalifiée en assassinat et tentative d'assassinat. L’individu ne semblait pas avoir de raisons de se rendre à l’hôpital et avait déjà été mis en examen pour des faits de violences aggravées, bénéficiant d’un non-lieu pour irresponsabilité pénale.
C'est cette irresponsabilité pénale qui sidère Christian, dont la fille a été tuée en 1998 à l'âge de 17 ans, par un retraité assurant avoir eu des "visions". "Il avait des antécédents, il se promenait dans la commune avec un fusil constamment et personne ne faisait rien", raconte-t-il aux "Grandes Gueules".
Si depuis, des textes de loi ont été votés, Christian estime qu'il y a encore du chemin à faire en termes d'irresponsabilité pénale. "Il y a les règles de sûreté mais qui les surveille?", s'interroge-t-il, alors que depuis 2010, des mesures de sûreté accompagnent les personnes déclarées irresponsables pénalement.
Selon les informations de RMC, le suspect de Reims aurait assuré lors de son interpellation en vouloir au milieu hospitalier, ajoutant avoir été maltraité depuis plusieurs années dans les services psychiatriques.