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Santé

Cystite, conjonctivite, angine… Ces “petits maux” bientôt soignés en pharmacie

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Dès le 1er janvier, trois régions participeront à une expérimentation permettant aux pharmaciens de soigner six pathologies bénignes. La Bretagne y participe depuis déjà deux ans et observe les premiers résultats.

Se soigner directement en pharmacie sera bientôt une pratique étendue à davantage de pathologies bénignes. Dès le 1er janvier, trois nouvelles régions, à savoir l’Occitanie, le Centre-Val de Loire et la Corse, participeront au dispositif OSys (“orientation dans le système de soins”).

Il donne la possibilité aux pharmaciens de diagnostiquer et soigner des “petits maux”, tels que les cystites, les conjonctivites, les angines, les petites plaies, les piqûres de tique ou les brûlures superficielles. Cette prise en charge dans les officines est censée désengorger les cabinets médicaux et les urgences.

Les patients pris en charge sans aucune avance de frais

Dans les Côtes d'Armor, Céline a découvert ce dispositif en visitant son pharmacien pour une cystite. “Quand je suis arrivée pour demander un médicament en attendant de voir le médecin, ils m’ont donné les analyses à faire, donc j’ai été aux toilettes directement là-bas, à l’officine, et ils ont pu directement faire l’analyse et me donner le traitement approprié”, a-t-elle raconté au micro de RMC.

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Avec sa carte vitale et sa mutuelle, le patient n’a aucun frais à avancer. “Un patient qui vient pour se faire retirer une tique chez un pharmacien qui est expérimentateur ne paie rien. Les 13,50 euros que nous facturons sont payés par l’ARS”, confirme Jean-François, pharmacien volontaire dans les Côtes d’Armor.

Seules deux exceptions existent: pour les angines, les antibiotiques ne pourront pas être délivrés sans prescription d’un médecin, et les médicaments donnés dans le cadre d’une conjonctivite resteront à la charge du patient.

Un dispositif “qui évite dans 76% des cas un passage inapproprié aux urgences”

La Bretagne est la première région à avoir expérimenté ce dispositif en France. Depuis 2021, sur les 1000 officines du territoire, 74 l’ont testé. Au total, 1800 situations de petits maux ont été pris en charge et l'expérimentation a évité 420 consultations médicales et 68 passages aux urgences.

D’après Martine Costedoat, directrice générale de l’association Pharma système qualité, porteuse du projet, la Cour des Comptes a qualifié le dispositif de “prometteur”. Dans le détail, les patients remplissent un questionnaire “encadré selon un protocole qui a été déterminé avec des médecins” qui permet de poser toutes les questions nécessaires pour évaluer la gravité de la pathologie et qui va prendre en charge le patient.

“Cela éviterait dans 76% des cas un passage inapproprié aux urgences”, affirme Martine Costedoat.

Utilisé pour répondre aux déserts médicaux, le dispositif ne convainc toutefois pas les médecins, qui sont globalement contre. D’après l’un d’entre eux, contacté par RMC, cela “ne règle pas le problème de base d’accès aux médecins généralistes. On nous enlève les consultations dites simples et on nous laisse les complexes au même prix”.

Yoko Trigalot, (Mélanie Hennebique)