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Déserts médicaux: "obliger les jeunes médecins est une fausse solution", pour Jérôme Marty, président du syndicat l'UFMLS

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Alors que 87% de la population vit dans un désert médical, des députés ont déposé une proposition de loi voulant obliger les jeunes médecins à s'installer sur ces territoires.

Doit-on obliger les jeunes médecins à s'installer dans les déserts médicaux? La question revient sur la table après que plusieurs députés ont déposé une proposition de loi transpartisane à ce sujet.

Le débat a animé le plateau d'Estelle Midi sur RMC, en présence de Jérôme Marty, docteur et chroniqueur des Grandes Gueules, et président du syndicat l'UFMLS, l'Union Française pour une médecine libre.

Réguler les installations

Dans leur proposition, les députés souhaitent réguler l'installation des nouveaux médecins, alors que 87% du territoire est considéré comme un désert médical.

Selon le texte, si un jeune médecin veut s'installer dans une zone dépourvue de soignants, le feu vert de l'ARS (l'agence régionale de santé) serait automatique. Mais s'il souhaite s'installer dans un territoire déjà bien doté, ce ne serait pas possible... et ça serait conditionné au départ d'un autre praticien déjà installé.

L'autorisation serait donc donnée au cas par cas. Les syndicats de médecins s'insurgent, assurant que la liberté d'installation est un pilier de la médecine libérale. Mais l'article, rejeté mercredi 26 mars en commission, n'est pas encore une réalité. Les députés à l'origine du texte espèrent réintroduire la mesure-phare dans l'hémicycle, lorsque la proposition de loi sera examinée au mois de mai.

Une "fausse" solution

Un projet qui fait bondir Jérôme Marty, médecin et président du syndicat l'UFMLS, l'Union Française pour une médecine libre. "Face à un problème complexe, il y a toujours des gens qui proposent des solutions évidentes, simples, rapides à mettre en oeuvre et fausses", proteste-t-il.

"En général, les étudiants en médecine se marient sur les campus scientifiques dans des métiers encore plus techniques (...) et bon courage aux conjoints pour trouver un travail dans le Larzac ou en Ariège".

De plus, la mesure n'est pas pertinente car elle aurait déjà échoué "dans tous les pays où elles ont été mises en oeuvre", assure-t-il au téléphone dans Estelle Midi.

Pour Jérôme Marty, la solution réside plutôt dans un système de médecine en alternance, à côté de leur cabinet. Les praticiens qui accepteraient de donner de leur temps dans des cabinets secondaires, dans des déserts médicaux, seraient récompensés par "des avantages fiscaux et salariaux", selon le médecin.

"Aujourd'hui, il n'y a pas une zone où les Français n'ont pas de difficulté d'accès aux soins", ajoute-t-il.

LAM