Grippe: vers une vaccination obligatoire des soignants? "Il y aura des fraudes, comme pour le covid"

Face à l'épidémie de grippe, 87 hôpitaux ont déclenché le "plan blanc", dispositif qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés, a indiqué vendredi le ministère de la Santé. Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, a évoqué, le même jour, une "question qui se posera" concernant une éventuelle vaccination obligatoire des soignants.
«Toutes les choses qui pourront améliorer les conditions d’accueil des patients et soulager le personnel soignant : les gestes barrières, et peut-être une vaccination obligatoire, sont à envisager», a précisé le ministre.
"Une liberté"
De quoi provoquer de nouveau un bras de fer entre le gouvernement et les soignants qui s'opposeraient à cette décision, comme à l'époque du covid-19 ? Pour cette infirmière, interrogée par RMC, le choix de se faire vacciner relève de la "liberté", qu'elle refuse de céder.
Toutefois, celle-ci se dit prête à recevoir l'injection afin de conserver son travail. Car à l'époque de la crise sanitaire, le personnel soignant qui n'avait pas été vacciné avait été suspendu, à partir de septembre 2021. L'obligation avait été levée en mai 2023. "Il y aura des fraudes, il y a des gens qui diront qu'ils vont se faire vacciner et qui ne le seront pas, comme pour le covid", anticipe cette même infirmière.
" Ça ne coûte rien"
Un rejet qu'a du mal a comprendre Eva, interne en médecine depuis deux ans qui s'est fait vacciner depuis le début de la campagne. "Je ne comprends rien, on est là pour les patients. Si l'obligation permet de diminuer le nombre de cas, je ne vois pas pourquoi on ne se ferait pas vacciner, ca ne coûte rien", dit-elle.
Dans les hopitaux, le nombre de soignants vaccinés est encore trop faible. "Même pas 10%. Je pose la question tous les jours, personne n'est vacciné. J'ai déjà entendu des infirmières dire: 'Si c'était important, ce serait obligatoire'", cosntate Mathias Wargon, chef de service au urgences de l'hopital Saint-Denis.
Des professionnels de santé peu vaccinés
Preuve que la pédagogie ne fonctionne plus pour ce médecin, favorable à la vaccination obligatoire: "D'abord parce que l'épidémie sera moins importante, moins de personnel l'attrapera et pour ne pas le refiler aux soignants qu'ils reçoivent", explique-t-il.
Pour certains syndicats en revanche, rendre la vaccination contre le grippe obligatoire fragiliserait le recrutement de personnels, déjà compliqué à dénicher et trop rare sur le marché.
Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, a appelé "celles et ceux qui ne sont pas encore vaccinés" à le faire. "Quand on regarde les arrivées aux urgences et notamment les cas de complications, ce sont pour plus de 70% des gens qui ne sont pas vaccinés et qui sont des gens éligibles", a-t-elle souligné.
Outre la vaccination, "je crois qu'on a eu un peu tendance, collectivement, à oublier les gestes barrières" depuis la fin de la pandémie de Covid-19, a observé le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder, lors d'un déplacement à l'hôpital Cochin à Paris.