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"Il aurait pu me taper à mort": une infirmière, agressée par un patient schizophrène, témoigne

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Valérie, infirmière libérale, a été agressée mercredi dernier par un de ses patients. Celui-ci, atteint de troubles psychiatriques, l'a rouée de coups. Elle affirme que l'alerte avait été donnée concernant le comportement de l'homme, mais celui-ci n'a pas été hospitalisé pour autant.

Plus d'un soignant sur trois dit avoir été victime de violences l'an dernier selon le syndicat SNPI CFE-CGC. Les personnels les plus touchés sont ceux travaillant en psychiatrie. Parmi les derniers exemples en date, la mort d'une infirmière du CHU de Reims il y a tout juste un mois, poignardée par un homme avec de lourds antécédents psychiatriques.

Autre exemple, le cas de Valérie. Cette infirmière libérale a été agressée mercredi dernier alors qu'elle visitait comme tous les jours un patient atteint de trouble psychotique. Elle a été rouée de coups par cet homme.

Une semaine plus tard, en arrêt maladie, elle veut dénoncer l'inaction de l'équipe médicale qui suivait ce patient : plusieurs signalements avaient été lancés.

"Il est sorti en furie de sa chambre et il s’est jeté sur moi. Je suis tombée sur la table de la salle à manger et il a continué à me rouer de coups. Il a arrêté de taper, mais il aurait pu me taper à mort. Ce qui me met en colère, c’est que la veille, l’équipe d’infirmières mobiles a appelé son psychiatre pour le faire hospitaliser, et le psychiatre a refusé”, explique-t-elle à RMC.

Selon elle, il y avait eu chez son patient un changement d’attitude depuis quelques semaines.

“Il y avait un glissement. On pensait qu’il pouvait devenir dangereux. On vient rendre un service et en échange, on ne doit pas se faire taper dessus. C’est de plus en plus fréquent et il y en aura malheureusement de plus en plus si les autorités ne prennent pas en compte le fait qu’il y a un réel problème sur la prise en charge, entre autres, de ces patients schizophrènes psychotiques”, ajoute-t-elle.

La psychiatrie, "enfant pauvre" de la médecine?

Valérie a déposé plainte et a reçu 7 jours d'ITT et 10 jours de repos. En 2021, 19.328 agressions de soignants ont été recensées, dont la moitié pour des violences physiques. Elle a tenu a interpeller le ministre de la Santé François Braun, invité sur RMC ce jeudi. “Il va falloir prendre conscience que la psychiatrie, c’est l’enfant pauvre de la médecine. Ils ont besoin de lits et ils ont besoin de structures pour accueillir les gens”, appuie-t-elle.

Mais l’argument du manque de lits n’est pas recevable selon le ministre.

“Quand on dit qu’on manque de lits, on manque surtout de professionnels de santé pour soigner les gens qui sont dans les lits que ce soit en psychiatrie ou ailleurs. Le cas de cette infirmière est significatif. On voit bien qu’elle a senti que son patient n’allait pas bien, elle a alerté, mais sa conscience professionnelle l’a poussé à continuer à le soigner”, a indiqué François Braun.

Il avance par ailleurs la possibilité de, à l’avenir, prévenir le Conseil de l’ordre des infirmiers pour qu’ils envoient un autre professionnel prendre en charge le patient s’il y a un danger.

Guillaume Descours