Infirmière tuée à Reims: "L’enquête montre qu’il y a eu un suivi" du suspect, assure le procureur

Elle était mère de deux enfants et avait 37 ans. Infirmière au CHU de Reims, Carène Mézino est morte après avoir été poignardée dans l’établissement ce lundi après-midi. Le suspect est un homme de 59 ans, souffrant depuis des dizaines d’années de schizophrénie et de paranoïa. Il était déjà mis en examen pour avoir blessé quatre personnes en 2017, dans un centre médico-social de la Marne, mais n’était pas sous contrôle judiciaire. Il a été également mis en examen dans cette nouvelle affaire du CHU de Reims, pour assassinat et tentative d’assassinat, et placé en détention provisoire.
Dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story, le procureur de la République de Reims Matthieu Bourrette assure que cet homme, qui a rapidement indiqué aux policiers qu’il ne prenait plus son traitement, était suivi au niveau médical. "Les éléments d’enquête qu’on a mis en exergue montrent qu’il y a eu un suivi. Par exemple, il allait tous les jours prendre ses médicaments. Mais on a aussi constaté que nous retrouvions ces médicaments, lors de sa fouille ou chez lui." Pourtant, selon le procureur, ces médicaments, "il les prenait dans la bouche devant les infirmiers".
"Le mandataire judiciaire a fait un certain nombre d’alertes"
"La question va donc plus loin", selon Matthieu Bourrette, qui a relevé des désaccords dans l’analyse faite entre le psychiatre qui suivait cet homme de 59 ans, sous curatelle, et le mandataire judiciaire. "Il y a eu des points de vue différents entre l’analyse du psychiatre et celle du mandataire judiciaire, confirme le procureur de la République de Reims. Le mandataire judiciaire a fait un certain nombre d’alertes, notamment auprès du service de psychiatrie et du psychiatre qui le suivaient, auprès du juge des tutelles aussi auquel il a demandé le maintien de la mesure de protection. Le juge des tutelles, malgré des expertises qui sollicitaient la levée de la mesure de protection, a par deux fois décidé de la maintenir, au cours de ces deux dernières années."
Lors des auditions, depuis son interpellation lundi, le suspect a parfois fait preuve de cohérence dans ses propos. "Il n’a manifesté aucun regret mais, comme je l’ai dit en conférence de presse, je ne suis pas absolument certain qu’il ait été en capacité d’avoir de l’empathie ou de manifester des regrets, compte-tenu des difficultés qu’on a pu avoir pour échanger avec lui, indique Matthieu Bourrette. Il parle un peu. Nous avons pu faire deux auditions. Et dans ces auditions, il y a des moments de cohérence, des propos cohérents, et des moments qui sont beaucoup plus flous voire incohérents."