"Il m’a décoché une droite en plein dans la mâchoire": un soignant agressé pour avoir demandé de porter un masque

Témoignage RMC - Une agression qui s’est déroulée à Amiens, en plein après-midi. Pris à partie il a été frappé. Encore choqué, cet infirmier a accepté de raconter sa grosse frayeur.

Il a été agressé pour une simple remarque. Fabien, infirmier, a interpellé un individu qui ne portait pas de masque à l’intérieur d’un bar. Il a été violemment agressé à Amiens dimanche 26 juillet, en plein après-midi.

Accoudé au comptoir, du bar Fabien parle à l’un de ses anciens patients, quand soudain un individu entre sans masques pour commander.

“Il met sa main devant sa bouche et dit ‘ben c’est bon, j’ai mon masque, est-ce que je peu avoir mon spécial’. Je me suis retourné vers cette personne en lui disant qu’il ne fallait pas rire avec le covid, c’est dangereux, il y a des morts. Il a commencé à vouloir en découdre. J’ai regardé la serveuse et j’ai dit ‘avec des abrutis comme ça, on n’est pas sorti de l’auberge’”, raconte Fabien. 

L’homme est alors sorti du bar, puis revient quelques instants plus tard. “Il m’a attrapé par le cou, par le tee-shirt, il m’a sorti du bar et il m’a décoché une droite en plein dans la mâchoire. Je suis tombé en arrière et la tête à tapé contre le sol”, détaille-t-il. 

Ce père de famille est ensuite hospitalisé, victime d’un traumatisme crânien. Ce n’est que le lendemain qu’il réalise ce qui lui est arrivé. “Quand j’ai eu ma fille au téléphone qui m’appelle à l’hôpital pour prendre des nouvelles. Un traumatisme crânien, je sais ce que c’est, une hémorragie cérébrale aussi. J’ai eu du bol”, estime-t-il. 

Un manque de respect pour la profession

Mobilisé en première ligne dans les unités covid pendant quatre mois, Fabien justifie son intervention. “Je n’ai fait que mon travail, j’ai fait de la santé publique, j’ai juste informé. Dans mon unité, on a vu des gens mourir de cette merde. Alors on se dit, mince, on va retomber là-dedans”, regrette-t-il. 

Sous le choc, ce soignant a décidé de porter plainte, mais s’interroge aujourd’hui sur le regard porté sur sa profession.

“On nous a applaudi à 20 heures, mais aujourd’hui on vient nous cracher à la gueule. Nous ce qu’on aimerait, c’est que le respect, il soit au quotidien. Et la première chose à faire pour nous respecter, c’est de faire en sorte que cette épidémie s’arrête et pour ça portez votre masque”, argue-t-il. 

Arrêté une semaine, Fabien reprend du service ce matin plus motivé que jamais assure-t-il.

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours