Il meurt malgré trois appels au 15: "Dur de définir le degré d'urgence", explique un médecin du Samu

Le 6 juin dernier, le père d'Aurélie et Stéphanie est mort d'un infarctus malgré plusieurs appels au Samu. Les secours n’ont été envoyés qu’au troisième, deux heures après le premier coup de fil de la famille.
Un nouveau drame qui illustre les difficultés des services de santé de France, alors que les problèmes de régulation sont fréquents. C'est ce qui est arrivé à Eric, 59 ans, orfèvre dans le Loiret. "Il y a six ans, je me suis levé pour aller au travail, je suis tombé par terre avec une grosse pression dans la poitrine", raconte-t-il ce jeudi dans "Les Grandes Gueules" sur RMC et RMC Story.
"J’ai appelé le 15, j’ai expliqué les symptômes et l’opérateur m’a dit que c’était juste une crise d’angoisse me disant d’aller par mes moyens à l’hôpital d’Orléans pour faire un diagnostic", explique Eric qui se rend alors en voiture au Samu. "J'ai refait deux crises dans la voiture, j’ai cru que je n’arriverais jamais à l’hôpital. Quand je suis arrivé, ils ont compris tout de suite, m’ont fait passer un électrocardiogramme ont diagnostiqué un infarctus et m’ont pris en charge", raconte l'orfèvre.
15 minutes pour avoir un médecin au bout du fil
Il finit par être sauvé et le lendemain, l'opérateur du Samu rappelle sa femme pour s'excuser de son mauvais diagnostic, leur expliquant qu'ils peuvent porter plainte. "On ne l’a pas fait mais on lui a demandé d’être plus professionnel. Depuis, rien n’a été fait, c’est peut-être même pire", déplore Eric.
Vanessa a vécu une expérience similaire cet été avec sa fille de 7 ans, qui souffre d'une malformation. Comme pour le père d'Aurélie et Stéphanie, c'est en appelant le 15 depuis le Cap d'Agde qu'elle a été renvoyée vers le CHU de Béziers. "J’ai appelé le 15 dans la soirée, ils ont mis 15 minutes à me prendre pour m'envoyer vers ce CHU. Après 28 minutes de route, à l'accueil de l'hôpital à 23h45, on m'a renvoyé vers un cabinet médical du Cap d'Agde le lendemain".
Un parcours du combattant avant de voir un pédiatre à son retour de vacances. Un retard de consultation qui a eu des conséquences pour sa fille. "On a dû la mettre en fauteuil, elle a un pneumocoque qui a pris plus de place. Elle a donc un poumon infecté", raconte Vanessa.
"On a des patients qui nous appellent en panique chaque minute"
Au 15, les médecins régulateurs sont dépassés. "L'exercice de médecin régulateur est très difficile", confirme aux "Grandes Gueules" Michel, ancien médecin urgentiste du Samu dans les Deux-Sèvres. "On a des patients qui nous appellent en panique chaque minute. Derrière, notre travail est de jauger le degré d’urgence et de gravité au téléphone. Les gens au 15 sont paniqués pour tout, c’est donc très difficile de définir le degré d’urgence", explique-t-il.
"Aujourd’hui, on a un ministre qui nous dit de ne pas aller aux urgences et d’appeler le 15. Mais les effectifs n’ont jamais augmenté", déplore le praticien.
Début août, Agnès Firmin-Le Bodo, la ministre déléguée chargée de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, assurait sur RMC que 18% des services d'urgence de France fonctionnaient déjà "avec un système de régulation par le 15", passage obligatoire avant une prise en charge à l'hôpital.