"Il se cachait, au début": la difficulté de vivre avec un parent alcoolique racontée dans un livre
Traite-t-on assez bien l'alcoolisme en France? Olivia Leray, journaliste, publie De l'eau dans ton vin (Fayard), un témoignage de vie édifiant, surtout sur la situation de son père, dépendant à l'alcool. Invitée d'"Apolline Matin" ce mercredi sur RMC et RMC Story, elle raconte les prémices de cette maladie, et la difficulté de vivre avec cela en grandissant.
"Ça a commencé avec du vin, du rosé même précisément, du pastis au PMU du coin avec ses copains, et il est dans une autre phase maintenant: celle de la bière, qu'il ne considère pas comme de l'alcool", détaille-t-elle.
"Quand on était petites, il oubliait de venir nous chercher chez notre mère le week-end. Le matin venu, on attendait devant la porte et personne ne venait", se souvient-elle.
"Une fois la cure terminée, on est mieux mais, relâchés dans la nature, face à soi-même, on reprend les habitudes"
Et aujourd'hui, son père boit toujours, de la bière donc. Il n'est pas sevré malgré sept ou huit cures de désintoxication.
"Il dit: 'J’ai arrêté l’alcool', ça montre à quel point c’est ancré et que c’est très grave. Il se cachait au début quand il nous gardait. Ensuite, plus trop. Maintenant, c'est des canettes, celles qu'on imagine, le plus fort possible et le moins cher possible…", illustre-t-elle.
Il est actuellement en maison de retraite, "car on ne peut pas le mettre ailleurs", soulevant la question de l'accueil et du traitement de l'alcoolisme dans notre pays. "Il n'est plus autonome et ne peut plus se gérer lui-même. Il est rentré en maison de retraite à 59 ans avec une dérogation car il ne pouvait plus vivre chez sa mère".
Car les cures n’y ont rien fait. Olivia Leray note ainsi un certain sentiment d’abandon à l’issue de celles-ci. "Une fois la cure terminée, on est mieux mais, relâchés dans la nature, face à soi-même, on reprend les habitudes. On a essayé un soin de suite à l'hôpital, mais ça ne réinsère pas".
Depuis la publication et la médiatisation de son livre, Olivia Leray assure recevoir énormément de messages de personnes qui vivent la même chose et qui souffrent. Elle veut surtout adresser un message d'espoir.
"Ils subissent comme moi. On n'est pas condamnés à être des aidants. Si on arrive à avoir de nouveaux yeux sur cette maladie, je pense qu'on traitera mieux l'alcoolisme et ses conséquences".
Selon une étude Santé Publique France dévoilée en 2021, un quart des Français boit trop d'alcool.
En cas de problème avec l'alcool autour de vous, n'hésitez pas à consulter le site AlcoolInfoServices