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"Il y a un front anti-viande": ça chauffe entre l’auteur de "Pro-steak" et Barbara Lefebvre

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Jean-Claude Poizat, auteur du livre "Pro Steak-le carnivorisme est un humanisme", a expliqué ce jeudi sur RMC rejeter "l'idéologie animaliste" qui consiste selon lui à "abolir" la consommation de la viande. Pour Barbara Lefebvre, ce raisonnement conduit à voir "l'animal comme une machine" et "masquer la dimension barbare de l'élevage industriel".

"On voudrait faire passer les gens qui mangent de la viande pour des gens foncièrement mauvais et méchants", assène Jean-Claude Poizat. Le professeur agrégé de philosophie était l'invité ce jeudi des Grandes Gueules sur RMC pour présenter son dernier ouvrage, Pro Steak - le carnivorisme est un humanisme, aux éditions Albin Michel.

Alors que le Conseil d'Etat a suspendu mercredi le décrét gouvernemental interdisant aux fabricants d'alternatives végétales à la viande d'utiliser les mots "steak", "escalope" ou "jambon", l'intellectuel justifie les raisons qui l'ont poussé à écrire ce livre: "Il y a un front anti-viande qui prend de l'ampleur, avec des idéologues animalistes comme Aymeric Caron", explique-t-il.

"On peut aimer et défendre les animaux tout en consommant de la viande", estime Jean-Claude Poizat

"Je n'ai pas de problèmes avec le végétarisme éthique. J'ai un problème avec le végétarisme politique, ceux qui sont abolitionnistes et veulent interdire la viande", a exposé Jean-Claude Poizat. "Je me sens culpabilisé dans mon mode de vie", fustige-t-il, avant d'ajouter qu'il y voit la tentative chez certains "d'imposer le leur, pur".

D'après les résultats d’une enquête IFOP réalisée en 2020, les végétariens et végétaliens ne représenteraient que 2% de la population en France.

"Biais idéologiques" tance Barbara Lefebvre

Un argument qui n'a pas manqué de faire tiquer Barbara Lefebvre, l'enseignante des Grandes Gueules: "Vous êtes l'incarnation de ceux qui continuent à voir l'animal comme une machine", réplique-t-elle au philosophe, qui lui reproche également d'avoir des "biais cognitifs et idéologiques". "

Jean-Claude Poizat persiste et signe: "L'humanisme, c'est accepter la condition humaine, c'est accepter sa mortalité. Le respect des animaux est d'abord une forme de respect des humains envers eux-mêmes". Le professeur d'université l'assure :"On ne peut pas manger des fruits et légumes sans tuer des animaux", "aucun mode d'alimentation n'est pur".

Jean-Claude Poizat face aux GG - 11/04
Jean-Claude Poizat face aux GG - 11/04
23:36

Favoriser l'élevage extensif, prône Jean-Claude Poizat

Ce dernier explique être favorable à l'élevage extensif, en opposition à l'élevage intensif. "Vous n'arriverez pas à nourrir la planète dans ce cas-là", cingle Barbara Lefebvre. "Les classes populaires mangent de la volaille transformée toute pourrie, les élevages de porcs et de volaille polluent. Si il n'y avait que des élevages de bovins, il n'y aurait pas de problèmes", estime-t-elle.

"Le monde consiste à masquer la dimension barbare de l'élevage industriel et des abattages à travers un substrat marketing qui explique que c'est un mal pour un bien", explique Barbara Lefebvre à Jean-Claude Poizat.

"Mépris" envers les classes populaires

Ce dernier le concède, "il y a une surconsommation de viande dans les pays occidentaux, mais les pays émergents vont augmenter la leur, c'est une tendance mondiale", rappelle-t-il, déclarant se méfier du "mépris" envers les classes populaires et de "l'hypocrisie du monde occidental". "Elles ont mis du temps à avoir accès à la consommation de viande, il y a une revanche de l'accès à la viande. Quand une société se modernise, il y a une transition alimentaire avec une alimentation plus variée", conclut-il.

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