Moins de vaches françaises, des importations qui explosent: l’élevage en pleine crise

Le sommet de l’élevage a débuté ce mardi à Cournon d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, dans une ambiance de crise. Il est beaucoup moins connu que le salon de l’agriculture, qui accueille monsieur et madame Tout-le-monde, mais pour les professionnels, c’est le rendez-vous le plus important de l’année.
Et cette année, la situation de la filière est plus qu’inquiétante. Le cheptel français ne cesse de diminuer. Dans nos prairies, les vaches à viande et laitières sont aujourd'hui 850.000 de moins qu’en 2016. Et la production de viande a baissé de 5% l’an dernier. Alors que, malgré les évolutions des modes de consommation, il n’y a pas de baisse de la demande. Résultat: les importations explosent, +22% l’an dernier.
Les éleveurs se sentent surtout pris au milieu d’un tourbillon de contradictions. La Cour des comptes recommande de réduire le nombre de vaches pour diminuer les émissions de C02, sauf que 30% de ces émissions sont compensées par le stockage de carbone par les prairies et les haies.
On veut défendre notre souveraineté alimentaire mais on ouvre les portes aux importations de viande ne respectant pas les normes de production environnementales européennes. Notamment parce qu’elles sont trop chères pour passer la rampe des marchés publics, par exemple dans les cantines scolaires. Et la loi Egalim censée garantir leurs revenus n’est que partiellement appliquée.
Un quart des éleveurs sous le seuil de pauvreté
Et pendant ce temps-là, les éleveurs ne vivent pas de leur métier. Ce sont les agriculteurs les plus mal lotis en France, avec les revenus et le niveau de vie les plus faibles selon l’Insee. Un quart d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. En moyenne, seul un tiers des ressources de ces ménages provient de l'activité agricole. La majorité de leurs revenus sont issus d'autres activités, en particulier celles du conjoint, et un cinquième sont issus du patrimoine, notamment sous la forme de fermages.
Leurs revendications aujourd’hui sont, à court terme, une défiscalisation des stocks d’animaux (dont l’inflation a fait grimper la valeur), et pour le moyen terme une stratégie pour pérenniser la production française.