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"La liberté, ce n’est pas d’avoir tous les droits": le député Raphaël Gérard, souffrant de Covid long, déplore le "retard" sur le pass vaccinal

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Alors que les débats sur le pass vaccinal s'éternisaient à l'Assemblée nationale, le député de la majorité Raphaël Gérard a profité de la séance pour rappeler les conséquences du Covid long, qui toucherait des dizaines de milliers de personnes en France. Il était l'invité d'"Estelle Midi" ce mardi sur RMC et RMC Story.

L'Assemblée nationale a été le théâtre ce lundi d'âpres débats, alors qu'on examinait dans l'hémicycle le projet de loi de transformation du pass sanitaire actuellement en vigueur en pass vaccinal. Porté par la majorité et soutenu par une partie des députés PS et LR, le projet du gouvernement a été vilipendé par une autre partie des Républicains, le Rassemblement national, les Communistes et La France insoumise, entraînant des discussions houleuses.

Le ministre de la Santé Olivier Véran a participé aux hostilités en répondant à Jean-Luc Mélenchon et en rappelant au leader de la France Insoumise, l'aversion qu'il avait porté au vaccin Pfizer avant de recevoir une troisième dose récemment ainsi que son amour pour les vaccins russes et chinois qui n'ont pas obtenu d'autorisation de mise sur le marché européen, faute de données fiables, suffisamment transparentes et en quantités suffisantes. Olivier Véran s'en est également pris à la députée Martine Wonner, figure de proue du mouvement des anti-vaccins et des covidosceptiques pour lui lancer que "la chloroquine, ça ne se fume pas".

Face à la tension grandissante, le député LaREM de Charente-Maritime Raphaël Gérard a fustigé des débats stériles, rappelant les effets du Covid long qu’il subit lui-même: "On parle d’un sujet qui a fait 130.000 morts et des dizaines de milliers de personnes comme moi qui vont devoir vivre jusqu’à la fin de leurs jours avec les conséquences du Covid-19", a-t-il lancé du haut de son siège.

L’élu, plongé dans le coma pendant son infection au Covid-19, victime d’une défaillance cardiologique sévère, est, plusieurs mois après la maladie, obligé de se déplacer avec du matériel médical et un cœur artificiel.

"On peut parler de liberté, mais la liberté c’est un équilibre juste entre les droits et les devoirs. Et ma liberté aujourd’hui, c’est 30 centimètres de câble et 3 kilos de matériel que je porte tous les jours. Vous pouvez continuer à gesticuler mais c’est une insulte aux 130.000 morts", a-t-il poursuivi.

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"Notre liberté de vaccin n’est pas plus ou moins importante que celle des non-vaccinés"

Ce mardi, sur le plateau d'"Estelle Midi" sur RMC et RMC Story, Raphaël Gérard a de nouveau déploré des débats inutiles et rappelé les risques d’une contamination au Covid-19. "On réclame du débat et finalement, on échange 20 minutes sur des cacahuètes à bord des trains. Il y a le temps de la gesticulation et des coups politiques, comme cette nuit, et il y a le temps de la réalité des dizaines de milliers de Français touchés comme moi par un Covid long", a-t-il lancé, avant d’expliquer que le pass vaccinal n’était pas un outil de privation de liberté.

"La liberté, ce n’est pas simplement d’avoir tous les droits. Notre liberté de vaccin n’est pas plus ou moins importante que celle des non-vaccinés. Et le pass vaccinal n’est pas une obligation. On laisse la liberté de ne pas se vacciner mais votre responsabilité. Et votre acte de fraternité, c’est de vous extraire de la vie sociale", a-t-il assuré.

Mais les débats ont finalement été suspendus à la surprise générale à l'Assemblée nationale. La majorité a finalement été mise en minorité à l'occasion d'un vote à main levée contre la prolongation des débats après minuit, l'obligeant à reporter l'examen du texte. "Cela fait partie des jeux de l’Assemblée nationale que de jouer le coup du rideau. Les oppositions ont été en minorité depuis le début de l’examen des amendements puis ont joué le rappel des troupes", déplore Raphaël Gérard, alors que les débats doivent reprendre ce mardi à 18h.

"Qu’est ce qui est ridicule, la manière dont les choses se déroulent ou l’importance du sujet et de tenter ce coup-là juste pour faire un coup politique?", interroge-t-il, regrettant le retard pris: "Le retard va servir la communication des oppositions mais pendant les trois ou quatre jours qu’on a perdu, on va avoir près d’un million de personnes qui vont être contaminées et courront le risque de finir dans une situation comme la mienne", conclut Raphaël Gérard.

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Guillaume Dussourt