RMC
Santé

Moins rembourser les médicaments des plus riches: un député PS tacle "une brèche dans le contrat social"

placeholder video
Le ministre de l'Economie Eric Lombard envisage de moins rembourser les médicaments selon les revenus, une idée qui ne séduit pas Arthur Delaporte, député PS, sur RMC. Les plus riches ne bénéficieraient ainsi plus d'un remboursement à 100%. Mais certains notent que les plus aisés paient déjà plus en contribuant plus.

Pour faire des économies, tous les secteurs vont y passer. Cette fois c'est celui de la santé et du remboursement des médicaments qui est dans le viseur du gouvernement. Le ministre de l’Economie, Eric Lombard veut réduire les remboursements de médicaments des plus riches

"Être remboursé à 100% quand on a des revenus supérieurs à la moyenne, est-ce que c’est vraiment indispensable?", s'est interrogé le ministre dans une interview accordée à LCI dimanche avec comme objectif de faire des économies sur le budget de la santé.

Le parti-pris : Médicaments, les plus aisés moins remboursés ? - 28/01
Le parti-pris : Médicaments, les plus aisés moins remboursés ? - 28/01
5:01

Une idée qui plaît à Jolanda, qui sort d'une pharmacie de Bordeaux et n’a quasiment rien payé pour ses médicaments: "C'est une bonne idée, ça permettra peut-être de protéger le système. Si on peut participer parce qu'on a les moyens, pourquoi pas", assure-t-elle au micro de RMC.

Une position loin d’être partagée par tout le monde, pour ces autres clients, pas question de toucher au remboursement des médicaments: "Pour moi on doit tous avoir accès aux soins et de la même manière", assure une Bordelaise. "Les économies peuvent être faites ailleurs avant de faire une croix sur un système que la France a mis longtemps à mettre en place et qui fonctionne", assure un autre.

Les plus aisés déjà mis à contribution

De son côté, Sylvain, qui assure "très bien gagner sa vie" n'est pas contre payer plus. "Mais en y réfléchissant, je paie déjà plus que quelqu'un qui gagne moins que moi. Les prélèvements sur ma fiche de paie sont en fonction de mes revenus et je cotise plus que d'autres".

Dans ces conditions, il ne comprend pas pourquoi il paierait plus cher ses médicaments ou bénéficierait d'un remboursement moindre: "Ce serait comme payer deux fois", estime-t-il.

Les médicaments 100% remboursés sont parmi les plus coûteux précise Frédéric Bizard, économiste de la santé. Alors les dérembourser sous conditions poserait un problème de santé publique mais pas seulement: "C'est l'impuissance politique et l'incompréhension complète de ce qu'est le garant de l'universalité du système".

"Une brèche dans le contrat social"

C'est aussi l'avis du député PS Arthur Delaporte, opposé à la proposition du ministre de l'Economie: "Le ministre met une brèche dans le contrat social", assure-t-il sur RMC et RMC Story. Car aujourd'hui dans le système français, "tout le monde contribue selon ses revenus mais tout le monde bénéficie du meilleur niveau de sécurité avec un remboursement le plus élevé possible".

"Si les plus riches sont moins remboursés, ils vont aller encore plus vers les complémentaires et il y aura moins de consentement à l'impôt. Je préfère qu'ils contribuent plus, quittes à rembourser les dépenses de santé des plus pauvres alors que les 10% des plus pauvres ont trois fois plus de chances d'avoir du diabète que les 10% les plus riches".

Selon l'Assurance maladie, chaque Français achète en moyenne 41 boîtes de médicament par an. Un chiffre qui n'a pas augmenté de manière significative ces 25 dernières années défend le député Arthur Delaporte. Pour réduire le coût des médicaments, il faut mettre à contribution l'industrie pharmaceutique et les marges sur les médicaments: "Cette marge est très importante, il faut mettre les industriels à contribution et taper sur les complémentaires santé qui augmentent leurs tarifs de 6% en 2025", conclut-il.

Pierre Bourgès avec Guillaume Dussourt