"On est à bout de souffle et on va nous demander encore plus": la détresse de Caroline Brémaud, cheffe du service des urgences de Laval
C’est un cri d’alerte que vont lancer certains soignants devant le Sénat ce jeudi. Parmi eux, le Docteur Caroline Brémaud, cheffe du service des Urgences de Laval. Dans son hôpital, la situation aux urgences est très compliquée. Pendant une semaine, du 1er au 8 novembre, elles avaient dû fermer la nuit, par manque de personnel. Elles sont de nouveau ouvertes nuit et jour, mais la situation reste très tendue, notamment à cause de la surcharge due aux patients Covid.
>> A LIRE AUSSI - Covid-19: le plan blanc déclenché dans les hôpitaux de Provence-Alpes-Côte d'Azur
Devant la commission d’enquête sur le fonctionnement de l’hôpital public du système de santé en France, elle compte exposer la détresse qui touche actuellement l’hôpital public.
“La détresse des soignants est nationale. La détresse est extrêmement palpable dans toutes les régions de France et je pense que c’est pour ça qu’il y a une enquête et qu’on va être entendu. On est cinq chefs de service sur toute la France à avoir été choisis pour parler ce matin au Sénat sur le système de santé et en particulier sur l’hôpital public. Je vais représenter mon hôpital, mais je vais surtout représenter citoyens et soignants de toute la France parce qu’on est tous dans le même bateau. On est là pour soigner des gens qui sont en détresse et il faut qu’on soit en bonne santé mentale et physique, et pourtant, on est à bout de souffle et on va nous demander encore plus”, détaille-t-elle sur RMC.
Des déprogrammations d'interventions à prévoir
Selon elle, si l’hôpital public est dans cette situation, c’est parce que la priorité a changé.
“Il n’y a qu’une seule solution, c’est de remettre de l’humain au cœur du système de santé, arrêter de considérer le système de santé comme une machine économique, mais plutôt comme un fonctionnement humain. Il faut vraiment considérer l’hôpital public comme quelque chose qui doit fonctionner avec énormément d’humanité. Et donc c’est par exemple ne pas laisser une dame de 95 ans, 35h dans les couloirs des urgences. Et donc pour ne pas que ça arrive, il faut ouvrir des lits, et donc il faut des soignants. Et pour avoir des soignants, il faut des ratios soignants-patients qui soient décents pour qu’on ait du plaisir et de la passion à faire notre métier. Moi depuis que je travaille, je ne sais pas ce que c’est de prendre des vacances sans revenir sur mes congés”, assure-t-elle.
Bien sûr, la cinquième vague de Covid-19 n’arrange rien. Son hôpital de Laval a déjà déclenché le Plan blanc. “On arrive à saturation. On a prévu de déprogrammer 20% des interventions et cela a déjà commencé", pointe-t-elle.