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"On nous envoie passer des IRM chez le vétérinaire": un obèse sur deux se dit victime de discrimination

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En France, une personne obèse sur deux se dit victime de discrimination. Une discrimination qui s'exprime aussi bien à l'embauche que dans le milieu médical. Dans le monde, le nombre d'individus en surpoids a explosé ces dernières années.

C'est l'un des maux du 21e siècle. Les humains prennent du poids. Dans le monde, 2 milliards d'individus souffrent de surpoids et d’obésité. Et selon une étude du Global Burden of Disease, l’obésité tue chaque année 2,8 millions de personnes, faisant de l'obésité la cinquième cause de mortalité dans le monde.

En France, l’obésité touche près de 7 millions de personnes, soit environ 15% de la population. Avec les problèmes de santé, s'accompagnent les discriminations. Une personne obèse sur deux se dit victime de grossophobie, les jeunes et les femmes en étant les principales victimes.

Discriminations à l'embauche et à l'hôpital

Une discrimination que se retrouve à tous les niveaux, déplore ce mercredi sur RMC et RMC Story Anne-Sophie Joly, fondatrice et présidente du collectif national des associations d'obèses et auteure de Je n'ai pas choisi d'être grosse. "La discrimination, c'est lorsqu'on cherche un emploi. A diplôme équivalent, celle qui a une stature normale sera l'équivalent de deux niveaux supérieurs en plus que celle qui souffre de surpoids ou d'obésité", raconte-t-elle.

"Quand on vous demande si vous pouvez aller faire vos IRM à l'école vétérinaire..." : Exemple de grossophobie vécue par Anne-Sophie Joly, présidente du collectif des associations d'obèses - 06/03
"Quand on vous demande si vous pouvez aller faire vos IRM à l'école vétérinaire..." : Exemple de grossophobie vécue par Anne-Sophie Joly, présidente du collectif des associations d'obèses - 06/03
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La grossophobie, c'est aussi au niveau médical. "Chez le médecin, parfois, les tensiomètres pour prendre la tension ne sont pas adaptés. Parfois, à l'hôpital, il n'y a pas de brancards ou de fauteuil roulant adaptés. On nous envoie parfois passer des IRM chez le vétérinaire. On a des femmes qui veulent faire un examen gynécologique ou aller chez le dentiste et on leur dit qu'elles vont casser le fauteuil", poursuit Anne-Sophie Joly sur le plateau des Grandes Gueules.

"L'obésité, ce n'est pas un choix de vie"

Elle déplore également les discours moralisateurs et les injonctions de professionnels de santé à faire des efforts. "Vous avez beau faire ce que vous voulez, à part arrêter de manger... C'est abominable de la part de certains professionnels de santé. Un jour, on m'a même dit: 'A Auschwitz, il n'y avait pas de gros'", assure-t-elle.

"L'obésité, ce n'est pas un choix de vie. On ne se lève pas le matin en se disant 'je vais prendre 70 kg'", tient à rappeler Anne-Sophie Joly.

A l'échelle mondiale, l'obésité a plus que doublé chez les adultes entre 1990 et 2022. "Il y a 50 ans, il n'y avait pas autant d'obèses", alerte Anne-Sophie Joly. "On est dans un système 'obésogène'. Il y a l'alimentation avec l'ultratransformation des produits. On est sédentaires, on reste assis au bureau, on prend la voiture et les transports en commun, on dépense moins de calories", explique-t-elle. Par ailleurs, l'obésité touche "de plus en plus" de personnes en situation de précarité.

G.D.