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"On touche au monopole du médecin": pourquoi la majorité veut élargir les compétences des infirmiers

Stéphanie Rist, députée du Loiret, a déposé une proposition de loi, adoptée en première lecture à l'Assemblée, qui vise à élargir les compétences de certains professionnels de santé, dont les infirmiers IPA. Une proposition de loi largement dénoncée par les médecins qui appellent à la grève ce mardi.

Le Sénat doit débattre ce mardi de la proposition de loi de la députée Renaissance Stéphanie Rist. Le texte, voté en première lecture à l'Assemblée, veut élargir la compétence de certaines professions médicales et paramédicales, et prévoit aussi un "accès direct" des patients à ces professionnels, sans passer par la case médecin.

Une proposition de loi qui fait bondir les médecins, qui ont appelé à la grève ce mardi avec notamment une manifestation à Paris. Pour Stéphanie Rist, qui est venue défendre sa proposition de loi dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story, il est important de transformer le système qui ralentit le parcours de santé.

"Si vous avez une entorse, vous allez chez le kiné. Il donnera l’information à votre médecin traitant et dans un deuxième temps, vous irez voir le médecin. On transforme la pyramide qui est assez spécifique à notre pays avec le médecin tout en haut, en une sorte de cercle avec le médecin qui reste au centre du cercle, mais les autres professionnels travaillent en complémentarité du médecin”, indique-t-elle.

Face à la contestation des médecins, elle reconnaît que cette loi touche un peu à leur "monopole". "On a plus de 15 ans de retard par rapport à d’autres pays. Depuis 1962, les infirmières en pratique avancée aux Etats-Unis exercent de cette façon. On a beaucoup de retard et il faut le rattraper", appuie-t-elle.

Un risque sur les diagnostics?

Parmi les compétences que pourrait offrir cette loi, il y a la possibilité pour les pharmaciens notamment de renouveler une ordonnance. Et là encore, les médecins sont vent debout, comme Moktaria, auditrice de RMC.

"Un traitement, ça ne se renouvelle pas comme ça, ça se réévalue, souligne-t-elle. Il faut voir comment va leur tension, leur diabète, leur maladie chronique. En aucun cas, on ne peut renouveler un traitement comme ça. Un mal de tête chez un adolescent, ça peut être une méningite et ce sont nos 10 à 15 ans d’études qui font qu’on va pouvoir détecter la maladie. Il y a des diagnostics qui vont être loupés et ça va être catastrophique. C’est une mauvaise solution à un vrai problème."

“Les personnels seront formés. Il y aura des drapeaux rouges pour que le professionnel puisse dire, ce malade-là, il faut qu’il aille voir un médecin ou pas. Donc je crois que ça améliore la qualité de prise en charge. Nous sommes dans un désert médical important en France. Il faut qu’on puisse donner un meilleur accès aux soins”, lui a répondu la députée Stéphanie Rist sur RMC.

Guillaume Descours