Opération "crèches mortes": le secteur se mobilise contre les emplois menacés

Opération "crèches mortes" dans les crèches privées ce lundi. Les encadrants porteront toute la journée un tee-shirt, un badge ou une pancarte avec l'inscription "je soutiens ma crèche". Une pétition a même été lancée et a récolté près de 24.000 signatures pour l'instant.
Les micro-crèches privées s'opposent à un projet de décret qui veut renforcer la qualité d'accueil dans ces structures, avec l'obligation de remplacer 40% des titulaires de CAP petite enfance par des professionnels plus diplômés, comme des auxiliaires de puériculture, à partir du 1er janvier 2026.
Éviter les scandales
L'objectif, après des années de dérogations, est d'éviter les scandales et de faire en sorte que les professionnels des crèches privées s'alignent sur le niveau de diplôme des crèches publiques. 60% des professionnels du privé sont titulaires d'un CAP contre 30% dans le public (rapport Igas, 2024).
Mais cette mesure menacerait les emplois et l'existence des 5.000 crèches privées de France, selon les patrons de ces structures. À Serris, en Seine-et-Marne, l'établissement "Jules et Valentin" va fermer ses portes deux heures plus tôt ce lundi, en signe de protestation.
Parmi les 3 professionnelles titulaires d'un CAP petite enfance, le diplôme le moins qualifié, l'une d'entre elles pourrait perdre son travail. "C'est angoissant, enfin moi je viens de commencer à travailler, me dire que mon diplôme ne sera plus valable, ce n'est pas terrible", s'inquiète Sélina, titulaire d'un CAP.
"C'est un métier que je veux continuer à faire. Je fais même plus que ce qu'on me demande de faire, alors que j'ai qu'un CAP", ajoute Cécilia.
Loïc est le père de l'un des 12 bébés inscrits dans cette crèche. Malgré les diplômes moins élevés, il a confiance en ces professionnelles: "Je n'ai rien à dire sur le personnel encadrant ici. Tout se passe bien. Je serai même déçu d'apprendre que ma fille verrait son environnement bousculé dès l'année prochaine."
Une mesure déconnectée
La patronne, Cyrielle Haincaud, comprend bien le besoin de renforcer la sécurité des enfants, souligné par plusieurs rapports, mais elle juge toutefois cette mesure déconnectée des difficultés du secteur:
"La plupart des CV qu'on reçoit sont des CV de personnes ayant un CAP petite enfance. Les auxiliaires de puériculture sont de plus en plus rares. Des places en école ferment régulièrement. Je vois difficilement comment on va pouvoir embaucher des auxiliaires qui n'existent pas."
Elle estime que ses employés pourraient plutôt être formées pour obtenir la qualification supérieure. Ces dernières y sont prêtes, mais les délais proposés par le gouvernement sont trop courts.