Pénurie de lits à l'hôpital de Troyes: "Les patients passent parfois 26 heures sur un brancard"

Les hôpitaux vont encore devoir se serrer la ceinture. - Boris Horvat - AFP
C'est un cri d'alarme et une démarche inédite. Les médecins urgentistes de l'hôpital de Troyes distribuent désormais un communiqué pour informer leurs patients qui se retrouvent parfois à passer la nuit sur des brancards dans les couloirs des urgences, faute de lits disponibles dans les services.
Au service de gastroentérologie, le fils de Didier a passé de longues heures sur un brancard: "Il est venu aux urgences il devait être 20-21 heures, il a eu une place dans un lit vers 3-4h du matin". Un moment stressant pour le jeune homme de 22 ans: "Quand on est dans un couloir aux urgences on voit de tout, ce n’est pas très agréable", ajoute Didier.
Jusqu'à 12 ou 13 patients passent la nuit sur des brancards. Une situation qui a poussé le Docteur Jérémy Goudourt, chef de service aux urgences à l'hôpital de Troyes et ses confrères à leur distribuer un tract pour s'excuser des conditions d'accueil à l'hôpital. Une démarche inédite: "Le personnel soignant souffre de ça quand les patients passent parfois 26h sur un brancard, parfois à 90 ans.. Il fallait qu'on puisse leur expliquer". Les médecins urgentistes demandent le recrutement d’une personne dédiée à la gestion des lits.
"Les urgentistes sont à bout"
"Il y a un vrai ras-le-bol, les urgentistes sont à bout. Nous ne souscrivons pas à cette politique qui fait que nous avons moins de moyens pour soigner nos malades, et qui fait que des gens passent la nuit sur des brancards. Nous avons envie de dire à nos patients que la situation ne nous convient pas non plus et nous choque énormément. L’hôpital public est en train de craquer parce que des restrictions de budget ne permettent plus de soigner les gens en toute sécurité", explique Valéry Flipon, médecin urgentiste au centre hospitalier de Troyes et syndicaliste à l'association des médecins urgentistes de France.
Cette situation touche beaucoup d'hôpitaux en France. Selon l'association des médecins urgentistes de France 150 000 lits ont été fermés en 20 ans. Et comme les médecins généralistes disparaissent des centres-villes, de plus en plus de patients se tournent vers les services d'urgences, complètement encombrés.