PMA (procréation médicalement assistée) post-mortem: faut-il légaliser cette pratique en France?

Le dossier a créé le débat. Charlotte Ngoma a vu sa requête rejetée par le tribunal adminisitratif de Caen. Elle souhaite poursuivre son parcours de PMA (procréation médicalement assistée) après le décès de son mari, à l'âge de 29 ans, à la suite d'un cancer.
Le couple avait lancé une procédure de PMA que le CHU de Caen a refusé en raison de la loi qui interdit la procédure en cas du décès de l'un des partenaires.
"Il faut penser à l'avenir de l'enfant"
Aujourd'hui, Charlotte Ngoma souhaite faire transférer ses embryons en Espagne, pays qui pratique ce type de PMA. Mais a été confrontée au refus de l'Agence de biomédecine, le 29 juillet dernier.
"Ce n'est pas raisonnable", lance Emmanuel de Villiers. "Il faut penser à l'avenir de l'enfant et on ne peut pas faire un enfant dans ces conditions", déclare-t-il sur le plateau des Grandes Gueules, sur RMC.
Etienne Liebig estime qu'il s'agit ici du "genre de question pour laquelle il n'y a pas de réponse ultime".
"Je pense qu'il y a quelque chose de profondément religieux sur le fait que c'est un trouble par rapport à la définition de la procréation, de 'on procrée à partir de la mort'. Il y a quelque chose de choquant en terme de morale chrétienne", ajoute-t-il, précisant qu'il ne trouve toutefois pas une telle demande étonnant, car un accord avait été conclu avant.
Barbara Lefebvre rappelle dans un premier temps que cette pratique est interdite par la loi. "Si on veut la changer, on voit avec le député", explique-t-elle, ajoutant être contre le principe que cette démarche devienne une norme.
La procréation, un rêve pour certains
Qu'en est-il des personnes ayant déjà réaliser cette procédure ? Mélissa, 30 ans, n'est pas choquée de la demande de Charlotte Ngoma. "J'ai eu un enfant par PMA, mon mari a eu des problèmes de fertilité, donc on a très vite congelé nos embryons et cela a fonctionné du premier coup", raconte-t-elle.
Cette varoise explique en outre qu'elle possède encore plusieurs embryons, actuellement congelés. "On nous demande tous les ans ce que l'on veut en faire, si l'on souhaite les jeter ou les donner", raconte-t-elle.
A de nombreuses reprises, Mélissa a été confrontée à des cas dans lequel le père était atteint d'un cancer. "J'ai aussi vu des hommes qui n'avaient que pour rêve de donner un enfant à leur femme, donc ça ne me choque pas. Cele me choque plus que l'on me demande chaque année ce que je veux faire de mes embryons", a-t-elle conclu.