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"Le tri des patients continue": les fermetures de services d’urgences se multiplient

En ville comme à la campagne, de plus en plus de services d’urgences sont contraints de fermer partiellement ou temporairement, faute de personnel. Les médecins sont parfois obligés de faire un choix entre les patients.

Urgence aux urgences. La crise se poursuit à l’hôpital, et les conséquences sont de plus en plus visibles: les fermetures de services d’urgences se multiplient à cause de difficultés rencontrées pour recruter du personnel paramédical, notamment des infirmières. Dans les grandes villes comme dans les plus petites, sur tout le territoire, les fermetures de services s'enchaînent faute de bras et de moyens avec parfois des conséquences énormes pour la santé des habitants.

"Les patients doivent désormais se rendre à 60 km"

Des services d’urgences ont fermé partiellement ou temporairement à Redon (Ille-et-Vilaine), à Sainte-Foy-la-Grande (Gironde) ou encore à Draguignan (Var). Des dizaines d’autres villes connaissent le même sort. A Senlis dans l’Oise, les urgences sont même carrément fermées depuis décembre dernier. Les patients doivent désormais se rendre à 60 kilomètres de là. "Ça ne concerne pas que Senlis, mais un grand bassin de vie. Aujourd’hui, il y a des habitants qui sont très éloignés des urgences de Creil, à plus d’une demi-heure. Ça les inquiète énormément, ils m’en parlent tout le temps, ils sont en colère. Creil est saturé", déplore la maire Pascale Loiseleur.

Si vous avez 15 malades à hospitaliser et que vous n’avez qu’un lit, vous êtes obligés de faire un choix. Donc le tri qui a choqué les gens pendant le Covid continue. Par manque de moyens, on est obligé de faire des choix. C'est terrible.

Il manque aussi de moyens et de personnel au CHU de Limoges, où le médecin Sylvain Palat est obligé de composer en permanence avec des plannings à flux tendu et des lits manquants. "Si vous avez 15 malades à hospitaliser et que vous n’avez qu’un lit, vous êtes obligés de faire un choix. Vous êtes obligés de prendre le cas le plus grave. Donc le tri qui a choqué les gens pendant le Covid continue. Par manque de moyens, on est obligé de faire des choix. C'est terrible. Quand on est soignant, on est là pour soigner tout le monde!”, dit-il à RMC.

"Perte de chance par défaut de moyen" ou "morts évitables"

Ce tri de malades a parfois de graves conséquences pour les patients. "Dans des territoires comme l’Orne ou la Mayenne, il n’y a même plus de médecins dans les véhicules du SAMU. Nous les médecins, on appelle ça 'une perte de chance par défaut de moyen', mais concrètement, ce sont des morts évitables!", assure Christophe Prudhomme, urgentiste et délégué national de la CGT Santé.

Et la situation ne risque pas de s’améliorer dans les prochaines semaines avec les vacances d’été et les congés des personnels hospitaliers.

Romain Houg