Un an après l'attentat de Nice, j'ai toujours du mal à sortir avec mes enfants
Ce qu'ils ont vécu ce soir-là, ce qu'ils ont vu, ils ne l'oublieront jamais. S'ils n'ont pas été victimes du camion fou qui a foncé sur la foule réunie ce 14 juillet 2015 sur la Promenade des Anglais, à Nice, Nathalie, infirmière, et son mari Daniel, médecin urgentiste, sont marqués à vie. Ils ont été les premiers à porter secours aux victimes de l'attentat. Depuis, ce couple de soignants suit lui aussi un long processus de guérison.
Traumatisé par l'attentat, Daniel, n'a pourtant jamais cessé de travailler. Mais différemment. "Cela a été tellement violent ce que l'on a vécu, que je suis aujourd'hui plus souvent en salle que sur le terrain. Je suis au centre 15, je réponds au téléphone… Ma vision de ce métier a changé".
Daniel explique passer plus de temps auprès de ses patients. "Je pense que je suis plus proche d'eux. Je prends plus de temps pour expliquer, pour communiquer, avec plus de bienveillance et de compassion".
"Pour moi, tous les camions blancs sont suspects"
Pour Nathalie en revanche, impossible de reprendre les soins, c'est au-dessus de ses forces. Cette infirmière est tétanisée à l'idée de sortir de chez elle. "Ma vie a complétement changée. J'ai beaucoup de mal à m'impliquer pour soigner des gens. Je suis handicapée (sic) pour sortir avec mes enfants, ne serait-ce qu'en centre-ville. Pour moi, tous les camions blancs sont suspects".
"Ça m'insupporte parce que la personne que je suis aujourd'hui n'est pas celle que j'aie été. Et quand je me vois faire certaines choses, je me foutrais des baffes, parce que ce n'est pas moi. Mais rien à faire, c'est plus fort que moi".
Consciente que sa reconstruction prendra du temps, Nathalie espère être capable de retravailler d'ici un an. "J'ai envie de retravailler et je vais le faire, mais ce sera différent. Je ne veux plus être au contact de la foule". Nathalie assure avoir d'autres projets de reconversion professionnelle. Avec son mari Daniel, ils ont décidé de ne pas assister aux commémorations ce vendredi, un an après l'attentat, de peur que cela ravive des souvenirs douloureux.