Carolina, rescapée de l'attentat de Nice: "Si j'écoute mes douleurs, je reste couchée chez moi"
Elle est marquée à vie par ce qu'elle a vécu ce 14 juillet 2016. Marquée dans sa tête et dans sa chair. Alors qu'elle assistait aux festivités de la Fête nationale sur la Promenade des Anglais, Carolina Mondino a été percutée de plein fouet par le camion fou conduit par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, qui l'a projetée contre un palmier. Grièvement atteinte au bras, aux côtes et à la jambe droite, souffrant d'un traumatisme crânien et de troubles respiratoires, elle a été hospitalisée pendant 4 mois pour réapprendre à marcher.
A 69 ans, c'est une miraculée même si, depuis ce soir-là, elle doit être quotidiennement suivie par des médecins et des psychologues. "J'ai un côté sain et un côté mutilé, donc c'est très difficile. Quand je me lève d'une chaise, je commence à marcher avec difficulté comme si je faisais mes premiers pas. Je suis obligée d'écarter les jambes pour ne pas tomber", raconte-t-elle.
"La culpabilité des survivants"
Carolina a mis des mois pour pouvoir remarcher sur la Promenade des Anglais. Revenir sur ces lieux, c'est pour elle une véritable thérapie. "Je viens je m'assois, je lis... Pour moi, la Promenade est une victime comme nous. On se soigne mutuellement", explique-t-elle. Après sa longue rééducation, Carolina se réadapte difficilement à sa vie quotidienne. Malgré tout, elle lutte contre l'isolement. "Si j'écoute mes douleurs j'ai tendance à rester couchée chez moi. Et je n'aime pas ça."
Toujours hantée par des cauchemars, Carolina reste bouleversée par le décès de sa meilleure amie ce soir-là. "C'est la culpabilité des survivants, parce qu'on est en vie alors que les autres sont morts". Pour avancer dans sa reconstruction, Carolina s'est engagée auprès des adolescents et des femmes incarcérées afin de les sensibiliser au risque de radicalisation.