Un nouveau pesticide tueur d'abeilles autorisé: le ministre de l'Agriculture se défend de toute "trahison"
C'est une nouvelle bombe dans le dossier ultra explosif des pesticides. Alors que tous les regards sont tournés vers le glyphosate, un nouvel insecticide vient en catimini de faire son apparition sur le marché. Son nom ? Le Sulfoxaflor. L'ANSES, l'Agence nationale de sécurité des aliments a donné son feu vert au mois de septembre pour sa mise sur le marché. Problème, selon les apiculteurs, il n'est rien d'autre qu'un néonicotinoïde, un pesticide tueur d'abeilles, alors que la loi biodiversité interdit leur utilisation dès 2018.
"On se moque de nous"
Les apiculteurs, dont les récoltes de miel sont catastrophiques et les populations d'abeilles décimées, sont furieux. Ils en appelleront ce vendredi matin par voie de communiqué au ministre de l'Ecologie, Nicolas Hulot, pour lui demander d'intervenir dans le dossier. "On se moque de nous et de tout le monde. On prétend défendre l'environnement, la santé des gens et la nature, mais en fait on ne défend rien du tout", enrage Henri Clément, de l'Union nationale des apiculteurs.
"Je suis atterré, poursuit Gilles Lanio, président de l'UNAF, l'Union nationale de l'apiculture française. C'est une traitrise. Le poids des lobbies, d'un certain syndicat agricole qui ne veut rien changer, ont une fois de plus eu raison. Pour Nicolas Hulot, c'est un camouflet. Ce n'est plus une couleuvre qu'il doit avaler, c'est un boa. Le président de la République s'est engagé à sortir de ce système-là, et pourtant on continue. Est-ce qu'on sort de cette chimie avec toutes les nuisances qu'elle peut apporter, ou est-ce qu'on y reste? A un moment donné, il faut être clair".
"Pas d'éléments constatant que la molécule pouvait être dangereuse"
Le gouvernement doit prendre un décret dans moins de 5 jours pour établir la liste des substances considérées comme néonicotinoïdes. Selon les apiculteurs, le Sulfoxaflor n'en fera pas partie, ce qui permettra son utilisation. Jeudi, les apiculteurs sont donc allés demander des comptes au ministère de l'Agriculture. Le ministre a répondu à RMC. Mal à l'aise, il renvoie vers l'Anses.
"Il n'y a pas de trahison, assure-t-il. L'Anses a mis en place une autorisation de mise sur le marché à partir des données scientifiques dont elle disposait. Il n'y avait pas d'éléments constatant que la molécule pouvait être dangereuse. Il va falloir que l'Anses puisse regarde exactement ce qu'il en est. C'est ce que j'attends de l'Agence en tout cas".
Stéphane Travert réfute en tout cas toute ingérence dans ce dossier. "Moi je ne suis pas scientifique, seul l'avis scientifique compte. L'Anses ayant connaissance de cette information, en toute indépendance – je n'ai pas à interagir là-dessus - va certainement regarder quelles sont les modifications qu'elle pourrait, le cas échéant, apporter".