"Un problème de santé publique": les médecins inquiets de l'essor des médecines non-conventionnelles

Les médecines non-conventionnelles sont dans le viseur de l'Ordre national des médecins. Ce dernier publie un nouveau rapport dans lequel il alerte sur la multiplication, "sans contrôle, ni cadre", de ces pratiques.
"Médecine douce", "médecines alternative"... 71% des Français ont déjà eu recours à une pratique de soins non-conventionnels. Ce ne sont pas des "médecines" à proprement parler souligne l’ordre, qui plaide pour leur encadrement et pour une utilisation juste du terme "docteur".
Car, en effet, les pratiques de “soins non-conventionnels” sont en essor. 400 sont recensées par l'OMS, de l'aromathérapie, par les huiles essentielles, à l'apithérapie, par les piqûres d'abeilles.
“On reçoit plus de 1.700 courriers par an pour nous dire que ça ne va pas dans ce genre de pratique. Ça devient un vrai problème de santé publique. On n'a rien contre ces pratiques à partir du moment où elles restent dans le domaine du bien être. C'est à partir du moment où ça se substitue à la prise en charge conventionnelle médicale, que vous êtes dans la dérive. C'est, par exemple, le jeûne thérapeutique pour soulager l'endométriose ou même la guérir. C'est dangereux, ça n'a jamais été validé scientifiquement, et c'est une perte de chance pour les patients”, indique Claire Siret, présidente de la section santé publique du Conseil national de l'Ordre des médecins.
Des refus d'opérations
Il faut informer, sensibiliser, dit-elle, avant qu'une pratique ne verse dans l'exercice illégal de la médecine ou le sectarisme. Grégoire Perra a adhéré 30 ans au mouvement anthroposophique, il raconte les défauts de soins, la fièvre non traitée, les opérations repoussées comme pour une hernie.
“Il y a un refus des antibiotiques chez les anthroposophes, un refus des opérations chirurgicales. Il faut opérer l'hernie parce que sinon vous avez des risques qu'il y ait une occlusion intestinale sinon on risque la mort. Moi, je retardais le plus possible, jusqu'au jour où j'ai vu une connaissance proche en mourir”, détaille-t-il.
Signe que le sujet inquiète, un groupe de travail sur les pratiques de soins non-conventionnels est réactivé ce mercredi, sous l'égide du ministère de la Santé.